Au fil des années, la liste des insecticides conventionnels homologués pour venir à bout des insectes au cours du stockage s’est réduite comme peau de chagrin. Deux pyréthrinoïdes restent disponibles : cyperméthrine et deltaméthrine pour le traitement des locaux ; et seulement la deltaméthrine sur les denrées stockées. Le pyrimiphos-méthyl, lui, peut être appliqué par fumigation ou via un générateur d’aérosol (traitement des locaux), ou par nébulisation (locaux ou grains).
En outre, Katell Crepon, responsable du pôle stockage et conservation des grains chez Arvalis, indique ne pas avoir connaissance de nouveautés à venir. Elle précise : « ce n’est pas un secteur très actif, d’autant que la demande va plutôt vers l’utilisation de moins d’insecticides, notamment pour certaines filières. » Malgré tout, on note l’arrivée de quelques spécialités de lutte alternative depuis quelques années. Après les poudres (chabazite, terre de diatomée et bicarbonate de sodium), parfois compliquées à appliquer sur le grain, le spinosad (Topgrain) est ainsi homologué pour le traitement des céréales depuis 2019.
CO2 à visée insecticide
Plus récemment encore, une autorisation de mise sur le marché a été accordée pour la spécialité « CO2 bioprotection ». Ce dioxyde de carbone dispose d’une formulation spécifique et est autorisé depuis juillet 2024 en tant qu’insecticide. S’il y avait jusqu’à présent une tolérance, pour les producteurs, bien souvent bios, qui utilisaient de CO2 « alimentaire », Air liquide, qui le commercialise, prévient : « désormais en cas de contrôle, les amendes pourraient être lourdes ! ». Il indique également que son emploi est soumis à l’obtention d’un Certiphyto.
Utilisé avec le matériel adapté et sécurisé, ce gaz provoque la mort par anoxie des ravageurs. Il présente 100 % d’efficacité sur toutes les formes d’insectes (œufs, larves et adultes), et aucune résistance n’existe. Plus la température sera élevée et plus son action sera rapide (entre 10 et 20 jours).

Plusieurs sociétés, proposent depuis du matériel permettant d’employer ce CO2 pour la désinsectisation par fumigation. C’est notamment le cas de Chips CO2, qui vend des cellules étanches en vrac (15 à 32 m3) et des containers sécurisés (de 20 à 40 pieds) pouvant accueillir des bigbags, palettes, sacs… Chez Nox Storage, l’offre se compose de bigbags d’un volume de 1,3 m3 équipés de valve d’aspiration et d’injection de gaz, et de megas bags. Ces derniers ont un volume protégé de 15 à 30 m3 permettant d’entreposer directement des palettes déjà conditionnées.
À noter aussi : la société Tamia Pack a mis au point un procédé de conditionnement sous vide de bigbags, les insectes présents mourant alors sous 25-30 jours. Plus adapté aux besoins des semenciers, ou d’organismes stockeurs, il peut convenir pour certaines Cumas.

L’emploi du CO2 et la mise sous vide nécessitent bien souvent d’investir dans du matériel. Ces solutions sont efficaces, mais demeurent plutôt adaptées à des petits volumes, notamment en agriculture biologique, ou aux productions à haute valeur ajoutée en agriculture conventionnelle.