La ferme des Pâquerettes est une histoire de famille. Dans le village nordiste de Fleurbaix, Jean-Marc Burette est éleveur laitier avec un troupeau de 70 vaches, accompagné par sa femme Élisabeth, salariée sur l’exploitation, tout comme leur fils Alexis. C’est Élisabeth qui traie le troupeau, pendant que Jean-Marc s’occupe de l’alimentation et du paillage. Après plus de trente ans de traite, le couple a décidé d’améliorer le confort de cette astreinte, principalement celui d’Élisabeth, en s’équipant avec un exosquelette.

Une démarche de bien-être

Il faut dire qu’Élisabeth commençait à être à bout physiquement : « J’avais de plus en plus de douleurs au niveau des épaules. Elles me réveillaient la nuit, malgré les séances de kiné. » Pour y remédier, l’exosquelette semblait être une bonne idée. Jean-Marc a donc continué ses recherches, d’abord auprès de spécialistes d’exosquelettes pour l’industrie, jusqu’à rencontrer Agro-Concepts. Le distributeur spécialisé dans l’élevage proposait justement un exosquelette conçu pour la traite.

L'exosquelette soulage les mouvements des bras lors de la traite, que ce soit le nettoyage, le trempage ou le branchement. (©  Louis Duval/GFA)

Élisabeth a pu essayer l’outil. Dès les premières traites, elle a vu la différence : « Mes épaules me faisaient beaucoup moins mal, et peu après je ne me réveillais plus à cause des douleurs. » À la suite de cet essai, l’exosquelette de la marque Skelex n’a pas quitté la ferme des Pâquerettes, et est utilisé tous les jours depuis 2022.

Facile à utiliser

Dans le cas du Skelex, le mouvement est spécialement conçu pour la traite, en facilitant les mouvements du bras vers le pis des vaches : « Le gilet soulage mon bras lorsque je le mets à l’horizontale, ce qui correspond à la position de trempage, d’essuyage ou encore lorsque je branche les vaches. En revanche, il ne m’est d’aucune utilité pour lever des charges lourdes comme les pots de lait. »

Le maintien se fait mécaniquement, avec un système de tension de câbles situés dans le dos. Cette tension peut être réglée afin d’alléger plus ou moins l’effort. « Je choisis de ne pas trop soulager le mouvement. Si je tends trop, mes muscles vont s’atrophier, ce qui n’est pas bon sur le long terme. Il faut donc trouver un juste milieu. »

Le buste de l'exosquelette permet de régler la tension de l'épaulette, qui soutient le bras. (©  Louis Duval/GFA)

Réglé, l’outil peut être utilisé de manière régulière. Dans le cas d’Élisabeth, c’est 1h15 le matin et 1h30 le soir. Pour cela, elle met l’exosquelette tel un gilet, puis l’attache en quatre points, numérotés dans l’ordre d’attache. Une fois en place, c’est la physique qui entre en jeu, pas d’électronique, pas de recharge.

Un câble partant du dos est relié à chaque épaulette. C’est lui qui facilite le mouvement du bras vers le haut et sa tension augmente ou diminue le soutient du membre. Le reste sert principalement à garder tous les équipements en place : « Si le gilet est mal mis, ou bien si je l’ai fermé dans le désordre, il ne m’aide pas du tout dans mes mouvements, voire même m’encombre. »

Personnel, ou presque

Lorsque la traite est terminée, elle retire le gilet et le pose sur un portemanteau. Quant à l’entretien, il n’y en a pas : « La seule chose qui s’apparente à de l’entretien est le nettoyage. Les parties en tissu se détachent pour passer en machine, et le reste se nettoie facilement à l’éponge », explique l’éleveuse.

L’utilisation d’un tel gilet est cependant assez personnelle. Non seulement les réglages sont propres à une seule personne, mais l’équipement dépend aussi de l’utilisateur et de sa morphologie. Lorsqu’Élisabeth et Jean-Marc ne sont pas de service, c’est leur fils Alexis qui se charge de la traite.

Il peut utiliser le Skelex, mais en changeant une partie des équipements. Le jeune homme est plus grand que sa mère, ses bras sont donc plus longs. S’il peut garder le même buste, il doit néanmoins s’équiper d’épaulettes plus grandes.

Les bras d'Élisabeth se posent sur l'épaulette et sont maintenus pour réduire l'effort. (©  Louis Duval/GFA)

Aujourd’hui, un retour en arrière serait impossible, que ce soit pour Élisabeth qui utilise le Skelex, mais aussi pour Jean-Marc, qui peut effectuer d’autres tâches l’esprit tranquille : « On pense souvent au bien-être animal, mais il ne faut pas oublier celui des éleveurs. »