« Mon objectif, c’est de faire démarrer le moins possible mes tracteurs. Moins je les utilise, mieux je me porte. » C’est dans cet état d’esprit que Sébastien Delbreil, éleveur dans le Lot, a construit une plateforme semi-mécanisée pour pailler plus facilement et rapidement les cases de la stabulation de ses vaches laitières. Sa ferme, installée sur la commune de Gignac, compte 58 vaches en lactation pour une production annuelle de 540 000 litres. Depuis qu’il s’est installé, Sébastien était seul sur l’exploitation, avec l’aide très ponctuelle de son père.
Un salarié à mi-temps
« Ça n’est que récemment que j’ai recruté un salarié à mi-temps, que je partage avec une autre ferme voisine, décrit-il. Il est principalement là pour s’occuper du travail dans les parcelles. Moi, je reste concentré sur mes animaux, donc je m’occupe des traites le matin et le soir. Mon rêve, c’est de faire de l’élevage hors-sol quitte à mettre l’ensemble de mes 80 hectares en location, car ma passion, ce sont avant tout mes prim’holsteins. »
« L’idée de changer ma méthode de paillage, je l’ai depuis longtemps, car je paille à la main depuis 15 ans. Ça me prend 45 minutes tous les matins. En plus du temps, il y a aussi le fait que ça cette tâche soit particulièrement physique. Mon cahier des charges était simple : je souhaitais un système pour pailler facilement et rapidement mes box sur une surface totale de 300 m². »
Un système de paillage économiquement viable
« Avant de me tourner vers cette plateforme, j’ai étudié plusieurs options, dont l’ensemble des systèmes de paillage attelés à un tracteur, précise Sébastien Delbreil. Toutefois, j’ai renoncé à ces solutions, car en plus de ne pas être adaptées à mes bâtiments, elles m’imposaient de faire démarrer un tracteur à chaque fois. Ensuite, je me suis intéressé aux petites pailleuses automotrices, mais je craignais le risque d’incendie et également qu’elles s’enlisent dans le fumier. J’ai également étudié l’installation d’un plancher tout le long du bâtiment ainsi qu’une pailleuse suspendue, mais ces solutions étaient trop chères. »
C’est donc après avoir épluché toutes les options que Sébastien décide de se tourner vers une plateforme suspendue de paillage. Il commence par demander un devis à un artisan, mais face aux 20 000 € annoncés, il choisit de se lancer seul dans la construction. « Même si je n’avais pas de compétences particulières, j’avais déjà tous les plans en tête. Je suis vraiment parti de rien. J’ai donc décidé d’adapter la plateforme ainsi que sa structure, sans modifier ni la disposition de mes box, ni la structure du bâtiment. »
Un an de construction
« J’ai mis pas mal de temps, car j’ai dû fabriquer et installer la plateforme avec les bêtes encore présentes dans le bâtiment. Les premières pièces ont été installées en octobre 2024. J’ai tout monté avec l’aide d’un treuil manuel à levier et d’une échelle. Je ne pouvais ni louer d’échafaudage, ni de nacelle, car j’ai monté ma plateforme à temps perdu donc rien n’était fixe. Mis bout à bout, je pense que j’ai passé entre 150 et 200 heures entre l’assemblage de la structure de support et celui de la plateforme en elle-même. »
Ce travail s’est étalé sur une année. Les rails et la structure sont constitués de poutres IPN. La plateforme qui mesure 3 mètres de largeur sur 3 mètres longueur est composée d’un plancher en bois installé sur des tubes en acier. Cette dernière est installée à une hauteur de 2,20 mètres afin de passer au-dessus des barrières. Pour y accéder, Sébastien a installé une échelle repliable.
11 minutes pour pailler
La plateforme est prévue pour pailler tout le long du bâtiment. « Je commence par pailler le côté de l’auge et sur le retour, je fais le dessous de la plateforme. Le moteur entraîne la plateforme à une vitesse de 6 m/min. Je sais qu’il est possible que la vitesse soit abaissée à 4 m/min, ce qui serait l’idéal, car là, c’est un peu trop rapide pour que j’arrive à bien pailler partout. »
« Je me suis chronométré et dorénavant, je mets onze minutes pour tout pailler contre quarante-cinq minutes avant, j’ai donc divisé mon temps de paillage par quatre, calcule-t-il. Pour envoyer la paille dans les box, je me sers d’un souffleur électrique. » Pour charger la balle sur la plateforme, Sébastien Delbreil a installé un palan électrique ayant une capacité d’une tonne sur lequel il a monté une pince faite maison. Celle-ci est astucieusement conçue pour être à largeur variable et ainsi piquer des bottes de plusieurs tailles.
C’est un treuil manuel qui se charge de pincer les deux piques bottes dans la balle. « J’utilise environ une botte tous les deux jours en été et une et en hiver, je monte à une balle et demie pour deux jours. Une fois que la botte est installée sur la plateforme, la pince vient se mettre dans des supports prévus à cet effet. Les balles chargées font entre 400 et 500 kg. La paille que j’utilise a été prédécoupée au pressage. Il est ainsi plus simple pour moi de la répartir avec mon souffleur électrique », précise Sébastien.
8 000 € d’installation
« L’installation m’a coûté 9 000 € sans compter mon temps de travail. Comme je vais faire appel à un électricien pour régler certains points, je pense donc atteindre à arriver à un total de 10 000 €, ce qui était mon objectif. J’ai aussi obtenu 2 000 € d’aide de la MSA du Lot. Cette dernière m’a tout de même imposé certaines conditions comme le fait que je sois seul à monter sur la plateforme. »
« De plus, j’ai dû l’équiper de filets de sécurité sur trois des quatre côtés et d’un harnais de sécurité lié à une ligne de vie, explique-t-il. Je suis très satisfait car ma solution semi-mécanisée de paillage me simplifie le travail, sans mobiliser un tracteur tout étant aussi bien économiquement intéressante à la fabrication qu’à l’utilisation. Et ce d’autant plus que je n’ai que 300 m² à pailler. »