«Avec la machine que j’ai conçue, je n’ai plus besoin de descendre du tracteur. Elle coupe, sépare et extrait le filet sans intervention manuelle », se félicite Jean-François Thévenot, polyculteur-éleveur et inventeur à Jouey, en Côte-d’Or.

Le « Thomas Edison » de l’élevage a fait le calcul : pour nourrir ses 120 charolaises, il déplace chaque année 750 balles rondes à liage filet. « Ce liage filet est un gain de temps certain au pressage. Mais c’est très pénible à manipuler et à extraire lors des manutentions », déplore l’agriculteur avant d’expliquer sa démarche. « Chaque année, ce sont 1 500 montées et descentes dans le tracteur pour découper et retirer le filet de la balle. En conséquence, j’ai décidé de créer un outil pour mécaniser l’opération. » Jean-François se lance en février 2017 dans la conception d’une machine qui doit lui faire gagner du temps et éviter des mouvements provoquant des troubles musculo-squelettiques. Peu de temps après, le prototype du Colibri sort de son hangar.

Tout faire avec un seul accessoire

L’accessoire est compatible avec son chargeur MX. Il utilise deux fonctions hydrauliques, ainsi le levier du chargeur suffit pour le piloter.

Le Colibri est une cage dans laquelle va prendre place la botte. Sur la partie avant du châssis, deux piques permettent de manipuler cette dernière et de la poser à terre. Il faut ensuite positionner la cage au-dessus de la balle, pinces ouvertes, baisser le chargeur puis refermer les pinces pour emprisonner la botte. Une fois en place, il est nécessaire d’utiliser la deuxième fonction hydraulique. Celle-ci autorise à 4 pointes de se planter légèrement dans la balle afin de retenir et extraire le filet lorsque la botte sera déchargée.

Extraire le fileten déchargeant

Ensuite, le chauffeur doit se diriger et passer la botte sur une lame placée au sol. La lame va couper le filet sans faire tomber le foin qui est encore maintenu dans la cage. Arrive la dernière étape pour la balle qui, une fois la pince rouverte, va être déchargée dans une auge, une pailleuse ou encore une mélangeuse. Les pointes plantées ont retenu le filet dans la cage. Il suffit à l’agriculteur de se diriger vers le lieu de stockage des filets usagers, puis de le délivrer en activant la fonction hydraulique dédiée.

Des pistes d’amélioration

De la prise en charge de la balle à la libération du filet, toutes les étapes sont réalisées en cabine sans intervention manuelle. Même si l’opération est un franc succès, l’agriculteur reste modéré : « L’outil, tel quel, est utilisable et tout à fait fonctionnel. Mais apporter des améliorations au goutte-à-goutte peut s’avérer nécessaire. Par exemple, rajouter des pointes pour retenir le filet serait une bonne idée. »

Comme les autres équipements conçus et pensés par Jean-François, c’est le fabricant-distributeur local Mazeron qui commercialisera le Colibri. En outre, l’agriculteur reste maître du brevet. Fier de sa machine, celui-ci l’expose sur des salons comme la foire de Châlons-en-Champagne ou encore au Sommet de l’élevage.