Après les fortes attaques de 2016 dans la moitié nord de la France, qui avaient conduit à des retournements de parcelles, la bactériose sur pois d’hiver a refait parler d’elle, en mars dernier, dans toutes les régions. Depuis 2016, la bactérie responsable de la maladie s’est multiplée. Le temps sec de ce printemps a cependant permis de limiter son développement.

Dans l’Aube, sur la plateforme d’essais de Terres Inovia, le froid nocturne de début mai, suivi de températures diurnes supérieures à 20°C, a favorisé sa progression. Cette maladie, causée par Pseudomonas syringae, est présente sur 400 espèces végétales, notamment en arboriculture, maraîchage et grandes cultures. Le pois est affecté par Pseudomonas syringae pisi (spécifique du pois) et Pseudomonas syringae syringae (non spécifique du pois).

Semis précoces

Si la bactérie ne se conserve que quelques mois dans le sol ou sur les résidus de culture, elle survivit sur les repousses de pois ou sur certaines adventices. L’humidité du sol favorise sa transmission de la graine à la plante. Pseudomonas syringae ne devient pathogène que si elle pénètre dans les tissus, le plus souvent à la suite d’une blessure. Ainsi, en sensibilisant les tissus, l’alternance gel-dégel crée une porte d’entrée à la maladie.

Enfin, le risque est plus important pour les plantes ayant atteint le stade initiation florale au moment de la période de froid. L’enquête Terres Inovia réalisée en 2016 a, en effet, montré la relation importante entre la date de semis et le pourcentage de plantes contaminées : ceux réalisés avant le 25 octobre sont les plus exposés. Les fortes densités seraient également plus touchées par la maladie.

Solutions préventives

Aucun traitement curatif n’est connu à ce jour, mais certaines solutions utilisées en préventif sur d’autres cultures sont étudiées : protection à base de cuivre (Héliocuivre homologué sur cultures légumières et Cuprox L, engrais foliaire à base de cuivre), application d’huiles, biostimulants (Bion 50WG, fongicide SDN utilisé sur tomate). Cette année, Terres Inovia a conduit un premier essai dans l’Aube avec ces solutions, auxquelles s’ajoute un produit sous numéro, à base de boscalid, déjà homologué sur chou. Début mai, toutes les modalités étaient touchées sur feuilles à 100 %. Le pois s’est ensuite ressaisi et, début juin, les traces de bactériose n’étaient quasiment plus visibles. Les premiers résutats ne montrent pas a priori de différence entre les solutions, mais l’Institut attend encore l’analyse statistique pour confirmer. L’essai sera reconduit en 2020 avec des traitements plus précoces. En 2019, ils étaient un peu tardifs. Si, en 2016, aucune différence variétale n’avait été observée en raison de l’importance de l’attaque, 2019 permettra peut-être de voir des comportements variétaux différents.

Chantal Urvoy