«L’objectif est de concevoir des règles pour associer au mieux des variétés de blé afin de capter un maximum de lumière et de ce fait produire plus d’épis », résume Christophe Lecarpentier, qui a fait sa thèse sur ce sujet au sein de l’Inrae Le Moulon, à Gif-sur-Yvette (Essonne).

Le tallage, étape clé

L’intérêt des mélanges n’est plus à démontrer face au changement climatique : si une variété est plus sensible au gel ou à un coup de chaud, les autres peuvent compenser. Avec des résistances aux maladies différentes et complémentaires, les associations donnent aussi la possibilité de réduire les intrants. Les rendements s’en trouvent stabilisés.

Composante importante de cette stabilité, l’aptitude du blé à ajuster son nombre d’épis par le tallage. Pour le chercheur, « la dynamique de tallage repose principalement sur deux mécanismes. D’une part, un signal précoce qui entraîne l’arrêt de la production de nouvelles ramifications (talles) lorsqu’il y a trop d’individus autour d’elles. D’autre part, la régression des talles qui intervient si elles ne captent pas assez de lumière. » Le modèle WALTer (Wheat Association Light Tillering) « simule ainsi la croissance aérienne 3D d’une plante de blé », le nombre et la dimension des feuilles, le tallage et la croissance des organes, en s’appuyant sur ces deux mécanismes.

Des règles d’assemblage

Il en découle des règles d’assemblage de variétés qui affichent des traits d’architecture aérienne complémentaires afin de réduire leur compétition pour la lumière. Emmanuelle Blanc, doctorante à l’Inrae, dévoile les premiers résultats de ses recherches : « Dans un même mélange, il semble favorable d’assembler des variétés présentant des surfaces foliaires proches. En revanche, il vaudrait mieux choisir des variétés aux capacités de tallage différentes. » Jérôme Enjalbert, chercheur à l’Inrae appuie ce constat : « Il a souvent été conseillé d’assembler des variétés aux hauteurs et aux précocités homogènes. Ces simulations montrent que ce n’est pas forcément le plus pertinent : la diversité peut apporter de la complémentarité. »

Ces résultats permettent aux chercheurs de mieux comprendre les interactions entre variétés au sein d’un mélange. Les règles qui en sont issues, en cours de validation, seront intégrées dans l’outil d’évaluation multicritère OptiMix, en ligne depuis le début de l’année (lire l’encadré ci-dessus).

Des pistes sont encore à explorer pour le modèle WALTer, qui pourrait assez facilement s’adapter à d’autres céréales comme le blé dur, l’orge ou le triticale.

Florence Mélix