Quatre-vingts bottes de carottes à préparer. Sylvie Kar- quet, aidée de sa salariée Mathilde Crépin, donne un coup de bêche, se baisse, récolte, avance, va chercher une caisse, la porte jusqu’à la brouette, pousse cette dernière jusqu’au lavage, puis charge le camion. Ces gestes, répétés plusieurs fois dans la journée, provoquent des maux lancinants.
Le point faible de Sylvie, maraîchère bio à Léouville (Loiret) sur 1,5 ha de légumes dont 1 600 m2 de serre, ce sont ses canaux carpiens. Des fourmillements intenses engourdissent ses mains jusqu’à l’avant-bras. Son étiopathe, qui réussit à lui faire passer les douleurs sans opération, lui recommande de prendre soin de ses cervicales. Depuis plusieurs années, Sylvie a donc limité le poids de ses caisses à 15 kg. Elle fait également attention à les tourner avant de les soulever afin de ne pas réaliser de torsion.
Une formation adaptée
Pour le travail au sol, elle maintient son dos droit. « Ces petits gestes, on les connaît tous. Il faut surtout penser à les appliquer », sourit la cheffe d’exploitation de 54 ans, qui a suivi la formation « Prendre soin de son dos et de ses épaules », dispensée par Bio Centre.
Afin de ne pas fatiguer les mêmes muscles, elle diversifie le travail. Pas plus d’une à deux heures de désherbage de carottes d’affilée ! « Si nous y sommes vraiment obligées, je prévois une pause de 10 à 15 minutes », ajoute-t-elle. Sylvie s’est organisée de manière à mécaniser le plus de pratiques possibles (faux-semis, plantation, binage…).
Avec sa silhouette d’ancienne athlète de course à pied, Sylvie a un secret pour garder la forme après seize ans de maraîchage : le Pilates, une méthode douce de renforcement des muscles profonds. « Je fais une séance par semaine. Cela me permet de fortifier tous les muscles du tronc, y compris le transverse et le périnée. »
À cause des efforts répétitifs qui pèsent sur le dos et la ceinture abdominale, les femmes maraîchères ont davantage de risque de présenter une descente d’organes (lire l’encadré). Si le prolapsus génital touche 30 à 50 % des femmes au cours de leur vie, il pourrait atteindre 75 % des femmes en maraîchage. Consciente de ce risque, Sylvie rentre son ventre et contracte son transverse lorsqu’elle porte des caisses ou fournit un effort.