Depuis 2019, Bruno Guilloteau a adopté la culture du sorgho pour sécuriser son système fourrager. À la tête de 100 vaches limousines à Marnay, dans la Vienne, en système naisseur-engraisseur, cet exploitant comptait jusqu’à ces dernières années sur l’ensilage de maïs associé à l’enrubannage d’herbe pour la ration de base des troupeaux. Mais avec les étés chauds et secs, les rendements et la qualité de l’ensilage de maïs deviennent aléatoires, c’est pourquoi Bruno mise aussi sur le sorgho. Il a semé cette année 7,5 ha de sorgho à côté de ses 22 ha de maïs.
Une conduite spécifique
Le 5 octobre, l’exploitant était dans les starting-blocks pour récolter le sorgho. « Les orages tombés en septembre ont été très bénéfiques à la culture, constate l’éleveur. À la mi-octobre, j’espère ensiler environ 15 t de MS/ha sur la parcelle semée derrière une prairie et 8 à 10 t de MS/ha sur la plateforme d’essais (1), où j’avais semé du sorgho l’année dernière (2). » Le retour prévu d’un temps sec devrait favoriser le passage de l’ensileuse. « La saison impose d’être réactif, je reste prêt à avancer la date d’ensilage », ajoute-t-il. Le chantier se déroulera l’après-midi afin que les plantes soient bien « égouttées », car les taux de matière sèche du sorgho sont souvent faibles, entre 22 et 26 %. « Il est important aussi de ne pas récolter trop tôt car la pousse du mois de septembre représente 15 à 20 % du rendement potentiel », souligne François Barbarin, de Semental.
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L’humidité du sorgho est toutefois « absorbée » par l’ensilage de maïs, car la récolte est déposée sur le silo façonné au début du mois de septembre avec les 22 ha de maïs. Auparavant, les deux plantes ont bénéficié d’une conduite spécifique. « La mise en place du sorgho ne doit surtout pas être calquée sur celle du maïs, prévient Philippe Raimon, de la chambre d’agriculture de la Vienne. La préparation fine du sol est primordiale pour la réussite de la culture. »
Le sorgho dilue l’amidon
Bruno a passé le décompacteur couplé a une herse rotative avant un passage de vibroculteur. « J’ai effectué ensuite le semis avec un semoir monograine à partir de la mi-mai sur un sol réchauffé, explique-t-il. J’ai choisi une variété tardive, Big Kahuna, pour son potentiel de production. » C’est une variété monocoupe, BMR, PPS (photopériode sensitive) (3).
Sur le plan alimentaire, la variété, riche en sucre et pauvre en amidon, est dotée d’une bonne digestibilité. « Le but initial du travail des semenciers sur les variétés de sorgho était de trouver une alternative zootechnique au maïs, souligne François Barbarin. Il s’agissait de diluer l’amidon dans la ration. » La teneur du sorgho monocoupe ensilage en énergie est proche de 1 UFL/kg de MS grâce à sa teneur en sucre. En plus de ces qualités nutritives, la plante possède aussi des atouts agronomiques. Elle a un système racinaire fasciculé et profond qui la rend moins sensible à la sécheresse. En cas de forte chaleur, le sorgho bloque son système végétatif, alors que le maïs grille sur place. Quand les pluies reviennent, le sorgho peut repartir, mais le maïs pas toujours.
Le silo, constitué des deux ensilages, se conserve bien. Bruno simplifie le rationnement en distribuant le même mélange à l’ensemble du troupeau (voir la ration de base 2019 dans l’infographie ci-dessus). « J’ajuste les quantités en fonction des analyses et de l’état des bouses, explique-t-il. L’hiver dernier, la reproduction s’est bien passée, signe d’une alimentation efficace ! »
M.-F. M.
(1) Bruno participe à une plaforme d’essais mise en place par la chambre d’agriculture, où une visite était organisée le 9 septembre (les résultats seront prochainement disponibles).
(2) Cette parcelle devait être emblavée avec un blé, mais cela n’a pas été possible à cause de la pluie.
(3) Pour s’y retrouver sur le choix des variétés de sorgho, voir La France agricole du 8 mars 2019.