À Castetnau-Camblong dans les Pyrénées-Atlantiques, Damien Hayet a investi dans une station de triage de maïs semence. La construction du bâtiment de 850 m² avec 4 cellules ventilées de 190 m³chacune et tout le matériel (table d’effeuillage notamment) représentent un investissement de l’ordre de 460 000 €. Pour ce jeune agriculteur de 22 ans qui cherche à développer son activité professionnelle, l’opportunité s’est présentée par l’intermédiaire de sa coopérative : « Euralis m’a proposé de faire de la prestation de service pour le compte de sa filiale semencière Lidea, explique-t-il. Avec elle, j’ai un contrat pluriannuel sur cinq ans qui me garantit une prestation minimale de 300 ha/an, à raison d’une rémunération de 300 €/ha. L’objectif est d’atteindre l’optimum de la station, c’est-à-dire 500 ha. »

150 km à la ronde

L’offre de service porte sur un rayon de 150 km autour de la station, des variétés précoces venant du département des Landes à celles plus tardives de cette plaine du piémont pyrénéen où se situe l’agriculteur. Ce qui revient à un étalement de la prestation de la première semaine de septembre jusqu’à la mi-octobre. Lui-même producteur de maïs consommation (25 ha en fermage), Damien Hayet doit être disponible durant ces six semaines : « J’estime le temps de travail de l’ordre d’une demi-heure à une heure pour trier l’équivalent d’un hectare, mais cela reste très aléatoire selon les variétés, précise-t-il. Les journées peuvent être longues, de 7 h du matin à 20 h du soir, week-end inclus. À terme, avec 500 ha, le travail pourrait s’étaler sur huit à dix semaines. »

Un technicien de Lidea Semences assure le suivi des cultures, gère le planning de récolte des variétés semaine après semaine. Il prend aussi en charge la logistique du transport, du champ vers la station de triage, puis de cette dernière vers l’usine où se fera le séchage, l'égrenage et le conditionnement. Damien Hayet assure la traçabilité de chaque benne livrée, gère le tri, veille au bon stockage des épis et au nettoyage entre chaque variété. « Je fais le point chaque jour avec le technicien par téléphone et il vient sur place très régulièrement pour vérifier la qualité. » Le jeune entrepreneur embauche quatre ou cinq salariés pour le tri manuel derrière la table d’effeuillage.

Zone stratégique

« Nous souhaitons associer culture de maïs semence et triage sur un même territoire, explique Edouard Lapèze, responsable de zone au pôle agricole d’Euralis. Damien était bien placé géographiquement et nos producteurs de semences sont intéressés pour se libérer de cette opération. C’est aussi une solution pour pouvoir développer la culture chez de nouveaux producteurs qui, à raison de petits îlots d’une quinzaine d’hectares, ne peuvent pas investir individuellement dans le triage. Enfin, cette station représente une zone tampon de préstockage fiable pour Lidea qui peut durer de deux à cinq jours selon l’engorgement de notre siège de Lescar basé à une trentaine de kilomètres d’ici. »

L’étude de projet a démarré en 2022 avec une mise en service en septembre 2023. 220 ha ont été traités en 2023, 310 ha en 2024. Damien Hayet a profité de la construction de cette station pour se lancer dans un projet photovoltaïque de 200 kWc : un investissement d’environ 161 000 €. Les panneaux qui recouvrent le toit de la station entreront en service en janvier 2025. Le revenu généré doit couvrir l’emprunt contracté sur 20 ans, ainsi qu’une partie des aménagements.