Avec un rendement moyen en maïs ensilage de 12 tonnes de matière sèche (MS) par hectare et un niveau d’étable de 6 000 litres par vache, Yohann Pesquerel a préservé un certain niveau de productivité après le passage de son exploitation en agriculture biologique en 2015. Pour nourrir ses quarante prim’holsteins, l’éleveur mise sur l’autonomie fourragère grâce aux 62 hectares que compte son exploitation, située à Balleroy, dans le Calvados.

Source d’amidon

Les 9 hectares de maïs ensilés chaque année jouent un rôle clé dans cet équilibre. Il en distribue 7 kg par vache et par jour. En pleine période de pâturage, le silo est fermé. « Au début de ma conversion, j’avais arrêté la culture du maïs, mais la production laitière a décliné et les vaches perdaient en état corporel. Le maïs reste pour moi la meilleure source d’amidon, avec une productivité importante, même en bio », souligne Yohann. Il sème la culture sur labour autour du 10 mai, au combiné de semis, après une tête de rotation constituée de cinq ans de prairies. Cet itinéraire technique lui assure des rendements proches du conventionnel, avec une simple fumure organique. Cette année, le potentiel est évalué entre 13 à 14 t MS/ha, mais tout dépendra des conditions météo durant la floraison.

 

L’éleveur opte pour des variétés précoces ayant une bonne vigueur au démarrage et typées maïs grain, afin de produire beaucoup d’amidon pour un ensilage en plante entière ou en maïs épi. « Avec 8 kg/VL/j d’ensilage d’herbe dans la ration – à 17 % de matières azotées totales pour la récolte 2019 – et du foin à volonté, je ne compte pas sur le maïs pour apporter des fibres », explique-t-il. En parallèle, les animaux sont complémentés de 2 kg/VL/j de tourteau de colza local, et d’un aliment spécial pour vaches laitières, distribué individuellement en salle de traite.

Surmonter les sécheresses

Les prairies temporaires, qui constituent la tête d’assolement, sont implantées avec un mélange suisse incluant trèfle violet, trèfle blanc et trèfle hybride, auquel l’éleveur ajoute des semences de luzerne. Elles offrent les meilleures années jusqu’à 18 t MS/ha de rendement. Cependant, sur ces terres de schistes acides et séchantes, les épisodes récurrents de sécheresse sont une vraie menace pour la productivité et l’équilibre du système. « Cette année, du fait de l’absence d’herbe au pâturage, je n’ai pas pu, pour la première fois, fermer le silo d’ensilage de maïs, raconte Yohann. Au mois de juillet, je suis déjà en ration hivernale ! »

Dans ce contexte, le maïs constitue un premier niveau de sécurisation. Par ailleurs, l’éleveur cultive chaque année 7 ha de méteil de céréales et de protéagineux dont 5 ha sont récoltés à l’autochargeuse pour constituer un silo d’été capable d’assurer la soudure.

Alexis Dufumier