« Le maïs fourrage a bénéficié d’eau en abondance tout au long de son cycle, souligne Hugues Chauveau, d’Arvalis, lors d’une conférence qui s’est déroulée le 2 décembre 2024 à Paris. Cette humidité a perturbé les chantiers au semis et à la récolte, mais elle a favorisé la mise en place des grains et leur remplissage ». Résultat, « les rendements sont généralement corrects à très bons suivant les régions et la teneur en amidon est élevée », ajoute-t-il.

Le rendement national moyen s’affiche à 12,3 tonnes de matière sèche par hectare (t de MS/ha), soit 2 % de plus que la moyenne quinquennale de 2019-2023. Les résultats sont toutefois très variables d’une région à l’autre.

Les conditions difficiles au printemps ont contraint les exploitants à repousser les dates de semis. S’en sont suivies des températures plutôt fraîches, ce qui explique des dates tardives de récolte alors que les plantes étaient encore parfois gorgées d’eau.

« Les teneurs en matière sèche des plantes sont faibles, en particulier dans le Massif central et dans l’ouest de la France », observe Hugues Chauveau. Les implantations se sont déroulées beaucoup plus tardivement que d’habitude, sans que les exploitants aient pu changer la précocité de leurs semences.

« Les écoulements sont quasi systématiques pour les maïs récoltés à moins de 30 % de matière sèche », observe-t-il. Les pertes d’éléments nutritifs (sucres, azote soluble, acides organiques) contenus dans les jus peuvent être significatives. Il s’avère donc prudent de réaliser une deuxième analyse du fourrage fermenté si la première a été effectuée sur des échantillons prélevés « en vert ».

Attention aux butyriques

En raison des conditions de récolte parfois difficiles, l’expert conseille aussi une vigilance accrue en ce qui concerne les butyriques et dans une moindre mesure les mycotoxines.

La teneur moyenne en amidon à 32,7 % au niveau national est proche de celle de 2023. Idem pour la quantité de fibres (NDF), qui est comparable à celle de l’année précédente « du fait d’une proportion de grains par rapport aux tiges et aux feuilles élevée à la récolte », ajoute-t-il.

La digestibilité des fibres est à nouveau faible cette année (49,5 %). Cela s’explique en partie par l’absence de stress hydrique et thermique, favorable à la lignification des tissus. Cette médiocrité de la digestibilité est assez générale en France et encore plus marquée dans les Hauts-de-France, le Centre, la Bourgogne et le Sud-Ouest.

Du côté des valeurs en énergie, elles sont globalement correctes, mais les ensilages de 2024 sont certainement plus encombrants en raison de leur faible taux de matière sèche. La moyenne nationale s’affiche à 0,94 UFL/kg de MS, quasiment égale à celle de 2023 (-0,01 UFL/kg de MS). Cette valeur énergétique est liée à la part élevée de grains.

La teneur en matière azotée totale (MAT) s’affiche quant à elle à 7,1 % en moyenne, soit -0,2 point par rapport à 2023 et la teneur en protéines digestibles dans l’intestin est de 60 g/kg de MS.