Mise en service en 2023, la centrale solaire installée sur le toit d’un hangar communal de Mens a coûté 35 000 € et produit 24 MWh/an. Sa particularité : être détenue par une SAS à la gouvernance coopérative gérée par des bénévoles, dont le capital (125 000 € à ce jour) est aux mains des habitants du territoire. Créée en 2013, la SAS Centrales Villageoises du Trièves (CVT) compte 205 associés. Ses treize installations collectives produisent annuellement 264 000 MWh. Les panneaux sont posés sur des toits privés ou publics. La SAS paie un loyer au propriétaire et se rémunère par la vente d’électricité à EDF.
« Nous voulons contribuer à la transition énergétique du territoire en la maîtrisant, plutôt qu’en la confiant à une société externe plus ou moins éthique, résume Pierre Bertrand, son président. L’idée est aussi de mutualiser les moyens pour que tout le monde puisse bénéficier des projets, même ceux qui n’ont pas de toiture propice ou pas assez de capital pour investir seul. » L’actionnariat est ouvert à tous et le ticket d’entrée se limite à une part sociale à 100 €.
Enjeux locaux
Ancrée dans un territoire magnifique, « la SAS doit composer entre les enjeux énergétiques et le respect du paysage et du patrimoine, souligne Pierre Bertrand. Nous avons refusé des projets pour des motifs esthétiques. » Selon Gilles Barbe, adjoint à l’énergie et à l’agriculture de Mens, « c’est l’un des intérêts de travailler avec CVT : gouvernée par les habitants, elle comprend les enjeux locaux sans chercher le profit à tout prix ».
Récemment, l’engouement pour les projets en autoconsommation est devenu tel que CVT propose désormais un accompagnement aux particuliers, payant cette fois, sous-traité à un cabinet local. Les bénéfices sont affectés à la lutte contre la précarité énergétique. « 200 panneaux déclassés mais fonctionnels ont été acquis à prix cassés et seront fournis à des personnes précaires identifiées par les collectivités locales, indique Pierre Bertrand. La transition ne doit laisser personne au bord du chemin. »