Certains irrigants n’ont dormi que d’un œil, dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 mars, dans leur voiture garée au pied de leur réserve. D’autres ont assuré des rondes pour éviter tout nouveau sabotage. Durant le week-end, entre Niort et La Rochelle, gendarmes et CRS ont multiplié les barrages routiers, interdit toute circulation sur la voie express qui relie les deux villes et occupé ronds-points et carrefours.

Le but était d’éviter de nouvelles destructions sur les réserves de substitution existantes alors que, à l’appel du collectif « Bassines non merci » et de la Confédération paysanne, le « printemps maraîchin » avait réuni quelque 4 200 à 6 000 opposants à La Rochénard (Deux-Sèvres). Leurs précédentes manifestations à l’automne dernier s’étaient soldées par une station de pompage sabotée et des bâches découpées sur plusieurs retenues, les rendant inutilisables.

Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau porteuse d’un projet de 16 réserves, dont celle de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), avait appelé les exploitants à rester chez eux. « Je leur ai dit que la priorité, ce n’était même pas leurs biens, mais eux-mêmes et leurs familles. Les opposants veulent nous pousser à la faute. Il ne faut pas qu’on craque ! » À l’appel de la Coordination rurale, environ 200 agriculteurs, également de la FDSEA, s’étaient quant à eux rassemblés quelques kilomètres plus loin à Cramchaban (Charente-Maritime), où deux réserves ont fait partie des destructions de l’automne.

Sabotage d’équipements

Les prises de parole ont permis de rappeler l’importance de l’eau et celle des réserves, alors que la guerre en Ukraine met en péril l’approvisionnement mondial en céréales. Dans l’après-midi du samedi, un message est apparu sur les écrans des téléphones portables : « Canalisations détruites à Épannes » (NDLR : Deux-Sèvres). Certains irrigants présents sont aussitôt repartis pour surveiller leurs retenues. Les affrontements physiques ont été évités. Mais les opposants s’en sont pris une fois encore aux équipements : les ca­na­lisations d’un irrigant relié à une réserve, et la station de pompage d’un jeune agriculteur bio qui coche toutes les cases en matière de respect de l’environnement.

Myriam Guillemaud