C’est à Saint-Nazaire-le-Désert, sur son exploitation, qu’Alexis Beynet, jeune éleveur de 23 ans installé avec ses parents depuis trois ans, a accueilli une trentaine de personnes pour parler du délicat sujet de la prédation. Avec plus de 500 brebis victimes de la prédation depuis 2010 sur l’exploitation familiale, et cinq attaques survenues en 2024, Alexis a fait part de son épuisement et de son agacement au préfet référent du plan national loup, Jean-Paul Célet.
Les attaques se multiplient malgré les moyens de protection
Neuf chiens, la présence d’un berger, un parc électrifié, des parcs de regroupement nocturne, des tirs de défense renforcée avec deux loups tués en 2022 et en 2023, Alexis a mis en place de nombreux moyens de protection contre le prédateur. Malgré cela, les attaques se multiplient.
« Ma charge de travail augmente quand mon plaisir diminue », a résumé Alexis ce lundi 16 septembre 2024 face au préfet référent, évoquant un sentiment de dévalorisation de son travail et un stress permanent. Pour lui comme pour d’autres éleveurs, le problème principal reste la population lupine jugée trop importante.
En rappelant le plafond de prélèvement fixé à 19 %, le préfet s’est fait retoquer par un éleveur. « Mais 19 % de combien ? » Les estimations réalisées sur le nombre de loups présents en France sont en effet largement remises en question aujourd’hui. Un comptage plus précis est nécessaire, ont convenu l’ensemble des participants, y compris le préfet qui a mentionné l’intensification de la collecte d’indices biologiques dans le cadre du plan national d’actions 2024-2029.
Mobilisation syndicale
Cette réunion était organisée par JA et la FNSEA, l’occasion pour les deux syndicats de renouveler leurs demandes. Entre autres, une meilleure reconnaissance des pertes indirectes liées à la prédation, l’instauration d’une présomption de prédation dans les zones de présence avérée des prédateurs, la création d’un statut spécifique pour les chiens de protection, et l’autorisation des tirs de défense pour tous les éleveurs bovins, équins et asins.
« Des expérimentations sont actuellement menées dans trois départements pour autoriser les tirs de défense sur bovin quand la prédation est fortement avérée sur le territoire », a répondu Jean-Paul Célet sur ce dernier point.
La mise en place d’une politique de régulation active des vautours fauve, aujourd’hui suspectés d’attaquer des bêtes vivantes, fait également partie des revendications des syndicats.