L’Aspas est en colère contre la préfète coordonnatrice du plan loup car elle a autorisé une étude concernant « des tirs territorialisés » dans le département du Doubs, jusqu’à la fin de 2025. « Cette expérimentation, qui concerne dix-sept communes et plus d’une centaine d’exploitations sur des zones jugées « non-protégeables », autorise le recours aux tirs de défense simple contre les loups « en situation de prédation » aux éleveurs bovins participants », relate l’Aspas le 3 septembre 2024 sur son site.

L’organisation environnementaliste déplore le recours aux armes et précise que le CNPN (Conseil national de la protection de la nature) considère la « non-protégeabilité » comme « dangereuse ». L’Aspas reproche aussi aux services de l’État en particulier d’utiliser « la notion de non-protégeabilité » sans recourir à un « véritable diagnostic de vulnérabilité ».

Au sujet de l’expérimentation en cours, l’association s’interroge, comme à son habitude, sur le respect du protocole de mise en œuvre. Elle estime qu’un tir « létal ne devrait être autorisé uniquement si les mesures de protection (clôture, chiens de protection, surveillance colliers anti-loups, parcs de nuit…) et les moyens d’effarouchement, ont été mises en place ou expérimentées au préalable » .

Tir d’effarouchement refusé

Le tir réussi sur une louve le 24 août, soit 2 jours après l’autorisation du préfet, contrarie fortement l’Aspas qui estime qu’il serait « plus judicieux d’accompagner les éleveurs dont les troupeaux bovins se situent dans des zones jugées difficilement protégeables à d’abord tester différentes mesures de protection non-létales. Elle dit aussi avoir suggéré à la DDT du Doubs de remplacer le tir létal par des tirs d’effarouchement afin que cette expérimentation soit plus sécuritaire et ne mette pas en danger l’état de conservation des loups, mais cette demande a été refusée. »

L’organisation environnementaliste passe en revanche sous silence la situation des éleveurs bovins qui subissent les assauts des prédateurs. Comment installer un parc de nuit par exemple ? À moins de rentrer les animaux dans un bâtiment souvent éloigné. Elle cite les chiens de protection, mais sont-ils adaptés aux bovins ? Et les colliers anti-loups, quid de leur efficacité ? (Lire La France Agricole du 19 juillet 2024 en page 39)

Dès 2022, ces exploitants alertaient l’opinion publique sur les problèmes qu’ils rencontraient. Une soixantaine de victimes auraient été indemnisées en 2023 dans le département.