L’animal photographié le 1er décembre 2021 sur la commune de Champagnac-la-Rivière dans le sud-ouest de la Haute-Vienne est bien un loup gris. L’Office français de la biodiversité a authentifié le cliché. Dès le 7 décembre, l’État a aussi reconnu une première attaque sur un troupeau. Deux victimes seraient comptabilisées. Au cours des années passées, plusieurs suspicions de prédation sont ressorties, mais aucune n’avait été authentifiée par les services de l’État.
> À lire aussi : Un veau dévoré en Haute-Vienne (16/09/2019)
Des moyens de protection peu adaptés
L’inquiétude est grande pour les éleveurs de ce département où la densité d’élevages est importante. « Nous n’avons pas beaucoup de solutions pour protéger nos troupeaux conduits en de nombreux lots », souligne Jean-François Dubaud, président de la fédération départementale ovine (FDO).
« Les mesures de protection ne sont pas adaptées à notre situation, poursuit-il. Installé un ou deux chiens de protection par lot serait compliqué. Par ailleurs, toutes nos parcelles sont déjà clôturées. Nous avons demandé que notre zone soit reconnue non protégeable. »
> À lire aussi : Innover pour protéger les troupeaux contre les loups (24/09/2021)
« Il faudra à terme que la régulation soit plus efficace »
Les élus de la Coordination rurale du département ont eux aussi manifesté leur hostilité au prédateur dans un communiqué diffusé le 2 décembre 2021. Reçus par la préfète, le 7 décembre, les élus ont indiqué qu’ils ne « voulaient pas du loup », qu’il soit de « passage » ou déjà « implanté ».
Et « bien qu’il appartienne à une espèce protégée, il faudra à terme que la régulation soit plus efficace que celle mise en œuvre sur certains territoires pour le sanglier et le blaireau », ajoutent-ils dans un communiqué du 10 décembre.
Lors de cet entretien, la préfète a précisé à la Coordination rurale « qu’elle était consciente que la mise en protection de la Haute-Vienne n’est pas possible et qu’elle souhaite préserver la profession d’engager des moyens financiers inutiles. » Elle veut aussi travailler avec l’ensemble des professionnels agricoles pour trouver des solutions viables en prenant en compte l’impact psychologique.
Un bocage propice à l’installation du prédateur
Pour la préfecture, « ce type d’observation fortuite et isolée de loup a souvent lieu en automne et en début d’hiver » car c’est à cette saison que des individus de l’espèce se dispersent. L’animal photographié est-il seulement de passage ? Peut-être. L’avenir le dira.
« Notre région bocagère, riche de proies abondantes est propice à l’installation du prédateur », s’inquiète Jean-François Dubaud, qui souligne que le département compte 900 éleveurs ovins et 210 000 brebis.