«Je suis fils d’agriculteur. Mon père élève des bovins viande en Picardie. Au départ, je ne voulais pas particulièrement reprendre la ferme, ni m’installer. Mais, après plusieurs expériences professionnelles, je me suis posé la question. De retour de Nouvelle-Zélande, où je travaillais dans un gros élevage laitier, j’ai suivi ma compagne dans l’ouest de la France. De fil en aiguille, j’ai fait une saison de ramassage de pommes, où j’ai appris la taille, avant d’être embauché dans une exploitation cidricole. J’ai envisagé de reprendre celle-ci, mais cela n’a pas abouti. Décidé à devenir cidriculteur, j’ai appris, début 2019, qu’une ferme était à vendre en Ille-et-Vilaine, avec des vergers, des prairies, un chai et une bergerie. L’hiver, les brebis sont nourries avec le marc de pommes.
Des donateurs inconnus
Une reprise coûte cher, et je devais aussi racheter le stock d’alcool dormant, en l’occurrence de la Fine de Bretagne AOC, pour plus de 150 000 euros. J’ai eu l’idée de solliciter un financement participatif non seulement pour le côté financier, mais aussi pour communiquer sur mon installation en vente directe. Après discussion avec la plateforme Miimosa (1), nous avons fixé le montant de la collecte à 10 000 euros, car il faut atteindre 60 % de la somme pour débloquer la cagnotte et il me fallait 6 000 € pour obtenir mon prêt.
À ma grande surprise, j’ai reçu presque 12 000 € ! 85 % de la centaine de donateurs sont de ma famille, des amis et des amis d’amis. Mais les autres contributeurs, je ne les connais pas. Mon projet a même été repéré par le grand groupe de restauration Bertrand (brasseries L’Alsace, Au pied de cochon…), qui m’a donné 1 500 €. Je ne savais pas à quoi m’attendre, alors je suis hypercontent. J’ai communiqué sur les réseaux sociaux et par mail avec ma famille. Une fois la demande mise en ligne sur le site de crowdfunding , on peut suivre l’évolution des dons et vérifier si la somme augmente. C’est assez addictif ! J’allais voir toutes les heures si elle avait bougé.
Je pense que la nature du projet m’a aidé à récolter autant de fonds : c’est de la vente directe et les contreparties, en bouteilles, ont plu. Le financement participatif permet d’aller chercher de l’argent d’une manière différente, avec beaucoup de petites sommes. J’ai ainsi pu m’installer le 1er du mois d’octobre. »
(1) Site de crowdfunding au service de l’agriculture et l’alimentation.