«Il s’agit d’un décès brutal, et personne n’est préparé à ça. Soyez en empathie avec la souffrance de votre voisine et, dans un premier temps, proposez une aide pratique (courses, ménage, accueil des enfants s’il y en a). À l’état de choc et d’incompréhension succéderont la colère face à l’injustice de la mort, l’abattement et la tristesse. Cette période de deuil aigu occupe les six premiers mois, avec un pic de souffrance émotionnelle maximum deux à trois mois après le décès. La personne endeuillée peut se sentir asphyxiée par le manque. Il y a urgence à intervenir si des idées suicidaires surviennent, une prise d’alcool excessive ou une impossibilité à s’occuper de soi et d’autrui.
Si vous êtes proche de votre voisine, prenez régulièrement de ses nouvelles, et soyez attentive à sa routine quotidienne. Vous pouvez lui rendre visite, cuisiner un bon plat ou aller chercher avec elle son courrier… Il est essentiel de garder en tête les grands principes de la santé quotidienne : se lever, manger, s’hydrater, bouger et, dans la mesure du possible, travailler ainsi que conserver une vie sociale. Car l’isolement favorise le deuil prolongé.
Le temps est le principal thérapeute. Peu à peu, l’état de manque va trouver son chemin vers un retour à la vie. Nous sommes tous équipés génétiquement pour faire face au deuil, depuis l’aube de l’humanité. La plupart d’entre nous s’en remettent. La crue émotionnelle va s’écouler, quitte à aller deux fois par jour au cimetière pendant un temps. Mais 2 à 3 % des endeuillés restent en difficulté. Ils sont souvent entourés d’autres personnes qui vont mal, et leur état stagne ou empire. On parle de deuil prolongé si au bout de deux ans le survivant ne va pas mieux. Consulter un médecin devient alors nécessaire, pour arriver à accepter la réalité du décès.
Votre voisine devra trier les objets et ranger les affaires de son époux. Puis accepter de ressentir la douleur du deuil, en se disant : « Je sais que je traverse une période difficile », sans chercher à oublier son mari. Elle devra lui donner une place paisible dans sa vie, l’empreinte de l’attachement au travers d’un objet symbolique ou d’une photo. Enfin, en poursuivant son chemin et ses investissements personnels, elle pourra trouver peu à peu une relation bienveillante avec son défunt.
Propos recueillis par Alexie Valois
(1) Auteur du livre « Vivre après ta mort » (Éditions Odile Jacob).
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