«Notre cerveau est fait pour repérer les dangers, afin d’agir en cas d’alerte. Chez certaines personnes, ce trait est accentué. Elles réagissent systématiquement "à chaud". C’est souvent un cercle vicieux : des paroles négatives engendrent de mauvaises pensées. Râler impacte la relation à l’autre, et cette attitude est souvent réservée aux proches. Le métier d’agriculteur, qui est davantage en circuit fermé, peut être un terreau favorable à cette façon d’être et de s’exprimer. Si le conjoint ne travaille pas à l’extérieur, il n’y a pas cette ouverture permettant de parler d’autre chose, d’avoir une bouffée d’oxygène. Comme les motifs d’inquiétude, les soucis sont nombreux dans ce métier. Vies professionnelle et familiale étant mêlées, c’est compliqué.

La première chose est d’amener votre mari à prendre conscience que râler ne sert, le plus souvent, à rien. Il pleut depuis une semaine et les travaux des champs n’avancent pas. Dans ce cas précis, il n’y a pas de prise sur les faits. Si la météo n’est pas favorable, invitez-le à définir ce sur quoi il a un pouvoir d’action : boulot administratif, entretien du matériel…

Le râleur se pose en "victime" : ce qui se passe est la faute des autres. Faites comprendre à votre époux que la meilleure attitude est de reprendre la responsabilité de ce qui lui arrive. Le désigné "coupable" n’aura, en effet, pas envie de "collaborer". Par exemple, son salarié ne sera pas incité à bien ranger les outils s’il sait que sa façon de faire ne conviendra pas au patron. De même, votre fils ne fera pas d’effort pour améliorer ses notes car, même si elles sont correctes, elles ne le seront jamais suffisamment pour son père.

Encouragez votre mari à communiquer autrement. Ne pas commencer sa phrase par un "tu" accusateur. Les propos n’ont pas le même impact si elle débute par "je".

Expliquez-lui qu’il doit différer la discussion quand il sent que ça va "sortir". Il vaut mieux la reprendre plus tard, "à froid".

Se ménager un peu de temps est également important. L’accumulation des soucis se fait au fil de la journée. Prendre, ne serait-ce qu’un quart d’heure, pour relâcher la pression : lire, écouter sa chanson préférée, boire un café… Regarder la télé est une fausse bonne idée, car cette activité ne permet pas au cerveau de se ressourcer. »

Propos recueillis par Dominique Péronne

 

À lire : J’arrête de râler sur mes enfants (et mon conjoint), Éditions Eyrolles.

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