Sur le dossier du Mercosur, difficile d’entendre une voix dissonante du côté de la Commission européenne et les commissaires au Commerce et à l’Agriculture ne font pas exception. Devant les députés européens à Strasbourg le 30 janvier 2025, les nouveaux nommés ont défendu un accord commercial toujours difficile à accepter pour les agriculteurs et certains élus.
« Important dans le contexte géopolitique »
En introduction, c’est le Slovaque Maroš Šefčovič qui a posé le cadre de son intervention. « C’est un accord gagnant-gagnant pour les entreprises et les fermes européennes », assure celui qui tient le portefeuille du Commerce européen. En réponse à ceux qui pointent un accord daté, il rétorque : « C’est un accord important dans le contexte géopolitique actuel. Maintenir et développer nos relations commerciales et d’investissements avec nos partenaires est plus nécessaire que jamais. »
Pour appuyer ses propos, le commissaire évoque les multiples intérêts économiques en jeu pour l’Union européenne face à l’avancée des gros blocs concurrents comme la Chine ou les États-Unis. L’élection de Donald Trump aux États-Unis ne fait que renforcer cette analyse.
Son homologue à l’Agriculture, Christophe Hansen, est sur la même ligne. « Cela offre de nouvelles perspectives à l’heure où nous sommes confrontés à des incertitudes avec des partenaires commerciaux majeurs comme les États-Unis ou la Chine et où nos secteurs offensifs sont potentiellement menacés par d’autres pays tiers », ajoute-t-il.
Le commissaire à l’Agriculture a en outre rappelé que beaucoup de produits importés de cette zone ne sont pas produits dans l’Union européenne et sont déjà importés en quantité, notamment les oléoprotéagineux comme le soja, indispensable aux filières d’élevage en Europe.
« Les plus fortes protections »
« Ce n’est pas un accord qui bénéficie seulement à certains secteurs d’activité aux dépens des fermes européennes », promet Christophe Hansen, qui est davantage confronté à la grogne agricole que son collègue au Commerce. « Je suis également très conscient que certains de nos agriculteurs et certains de nos secteurs, et certains d’entre vous, s’inquiètent de son impact sur l’agriculture européenne, et la Commission a écouté très attentivement cette inquiétude. Et elle l’a prise très au sérieux. Cet accord a les plus fortes protections jamais incorporées à un accord commercial », assure-t-il.
Mystères autour du milliard
Évoquée et confirmée par la Commission européenne, la création d’un fonds de soutien d’un milliard d’euros pour les agriculteurs qui devraient subir les conséquences de cet accord commercial n’a pas été détaillée malgré les relances des députés. « Concernant la question des compensations, vous avez déjà évoqué le milliard, je veux dire que vous admettez par là qu’il y a des effets négatifs sur l’agriculture. D’où vient cet argent et où ira-t-il ? », a lancé Thomas Waitz, des Verts.
La question est restée sans réponse précise des commissaires qui ont insisté sur l’efficacité des mécanismes de défenses mis en place. Le député s’inquiète par ailleurs du mécanisme de compensation ajouté à l’accord dans le cas où les futures réglementations seraient désavantageuses pour le Mercosur. « C’est vraiment inquiétant », juge l’élu.