Un peu partout dans les manifestations européennes, les accords de libre-échange font office d’épouvantail du monde agricole. Pour tenter de donner quelques arguments contradictoires, la Commission européenne a publié un rapport prospectif sur les effets bénéfiques des accords en cours de négociation ou signés sans être entrés en vigueur (avec l’Australie, le Chili, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Mercosur, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, les Philippines et la Thaïlande).

D’après l’étude qui table sur trois scénarios (neutre, prudent et ambitieux), la valeur des exportations avec ces accords serait supérieure de 3,1 à 4,4 milliards d’euros à l'horizon de 2032, par rapport à un scénario sans accord. Mais les importations ne seraient pas en reste avec une estimation comprise entre 3,1 et 4,1 milliards supplémentaires avec accords ou sans. « Au total, la balance commerciale agroalimentaire de l’Union européenne augmente respectivement de 25 millions d’euros et de 311 millions d’euros dans les scénarios prudent et ambitieux », concluent les auteurs.

Concurrence accrue pour certaines filières

Cette étude menée par le « Centre commun de recherche » porte sur les accords et leur volet portant sur l’agroalimentaire. Parmi les conclusions de cette étude, miroir d’une publication similaire produite en 2016, ces accords ne sont pas sans risque pour les filières. « L’étude reconnaît que certains secteurs sensibles, en particulier ceux de la viande bovine, de la viande ovine, de la volaille, du riz et du sucre, devraient faire face à une concurrence accrue de la part des dix partenaires mentionnés dans l’étude », admettent les chercheurs. Mais cette concurrence, toujours selon le document, serait atténuée « au moyen de contingents tarifaires soigneusement calibrés ».

L’incidence du Brexit et des nouveaux accords commerciaux du Royaume-Uni sont analysés comme pénalisants pour l’Union européenne. Toujours selon l’étude, des accords commerciaux avec les dix pays ou zones économiques citées qui « pourraient entrer en vigueur compenseraient les pertes de marché dues au programme commercial du Royaume-Uni », estiment-ils. Mais ces accords auraient aussi pour but de rendre « l’Union européenne moins dépendante d’un nombre limité de partenaires commerciaux pour des produits clés, améliorant ainsi la résilience des chaînes d’approvisionnement alimentaire », appuient-ils.

Le bilan du Ceta en étendard

Dans son plaidoyer pour l’adoption de nouveaux accords de libre-échange, la Commission européenne avance également les chiffres, cinq ans après son adoption, de l’accord entre l’Union européenne et le Canada appelé « Ceta ou AECG ». Sur la liste des contingents de produits agricoles accordés aux Canadiens, la Commission souligne qu’une part infime a en fait été utilisée.

Viande bovine, viande de porc, céréales et dérivés ou encore sucre ne dépassent pas les 3 % du contingent, quand ils ne sont pas à 0 comme pour le porc. À l’inverse, l’Union européenne a pleinement bénéficié de l’ouverture du marché canadien aux produits laitiers où elle frôle les 100 % du contingent en fromages et fromages industriels. Des arguments qui peineront toutefois à rassurer les filières face à l’épouvantail que représente le Mercosur.