Il était sur le point d’être signé discrètement, raté… L’accord économique et commercial entre l’UE et le Canada (Ceta) est apparu en pleine lumière dans la dernière ligne droite avant sa ratification par l’UE, initialement prévue le 18 octobre. Longtemps éclipsé par son grand frère, l’accord avec les États-Unis (TTIP), il suscite pourtant la même vive inquiétude auprès de la société civile française et européenne… ainsi que des éleveurs !

Au point que l’interprofession bovine Interbev et le syndicat Jeunes agriculteurs se sont retrouvés à plusieurs reprises aux côtés de la Confédération paysanne et d’ONG, telles que Les Amis de la Terre, Foodwatch ou le CIWF, pour s’opposer à la signature du traité en l’état, avec l’appui d’élus français (1). Ce sujet de l’élevage bovin a contribué à décider le Parlement wallon à bloquer la signature du traité le 18 octobre. Avant de s’incliner quinze jours plus tard.

La viande fragilisée

Les éleveurs redoutent aussi les autres traités commerciaux qui se profilent à la suite du Ceta. Les négociations sur le TTIP sont à l’arrêt mais pas enterrées. Et le mandat donné en 1999 aux négociateurs européens avec le Mercosur vient d’être réactivé. Pour la filière bovine fragilisée par la crise, la concurrence avec ces trois gros exportateurs mondiaux de viande s’avérera redoutable. Mais elle ne peut compter sur le soutien des autres productions. Les filières avicoles sont provisoirement protégées car exclues du champ d’application du Ceta, tandis que la filière porcine n’y voit pas motif d’inquiétude, estimant les volumes en jeu négligeables. La filière laitière espère quant à elle faire son beurre en Amérique.

(1) À l’occasion de débats organisés par des députés à l’Assemblée nationale le 11 octobre et le 6 décembre, et par des eurodéputés au Parlement européen le 18 octobre.