Selon des essais Arvalis, les fournitures d’azote pour le maïs semé après un couvert de légumineuses (trèfle incarnat, de perse, vesce commune de printemps) peuvent aller jusqu’à 100 ou 120 kg/ha. « Le maïs présente une forte capacité de valorisation de l’azote du couvert grâce à une période de croissance chaude et humide (du fait notamment de l’irrigation), qui permet une bonne minéralisation du couvert, analyse Jérôme Labreuche, d’Arvalis. Des économies d’azote tout à fait significatives sont donc possibles derrière des couverts bien développés incluant une forte proportion de légumineuses. »

A contrario, avec un couvert d’avoine de printemps ou de moutarde blanche, l’apport d’azote a été de seulement 25 à 35 unités. « Mais attention, les semences de légumineuses coûtent plus chères et le semis demande plus de soin, précise Jérôme Labreuche. Un couvert qui offre un bon effet fertilisant n’est donc pas évident ! »

Concernant la destruction, Jérôme Labreuche précise que si le couvert de légumineuses (féverole, trèfle, vesce) est détruit tardivement, juste avant le semis du maïs, l’effet azote sera exacerbé. « En revanche, on observe plus d’aléas dans l’implantation du maïs : présence de ravageurs, fermeture du sillon plus difficile en semis direct, travail du sol aux résultats aléatoires en sol lourd… »

L’institut Arvalis a aussi testé l’installation d’un couvert de légumineuses (mélange de trèfles d’Alexandrie à 5 kg/ha, souterrain à 5 kg/ha, incarnat à 5 kg/ha), semé sur la bineuse à 3-4 feuilles du maïs fourrage (6-8 feuilles dans le cas d’un ray-grass italien). L’intérêt d’une telle pratique est notamment de bénéficier de l’inter-rang biné du maïs pour installer le couvert, et d’anticiper l’interculture maïs fourrage-blé qui est courte. En revanche, une attention particulière au désherbage est requise (lire encadré ci-dessous). Les biomasses du couvert observées au moment de semer le blé suivant sont cependant assez modestes car le maïs exerce une certaine concurrence pour la lumière.

Concernant le semis de maïs dans un couvert permanent de trèfle, Jérôme Labreuche est beaucoup plus prudent. « Les essais à la Jaillière en 2016 ont montré une forte concurrence et une perte de rendement de 25 % avec 7,5 t/ha de MS contre 10 avec un couvert détruit avant le semis de maïs ! Le cycle du maïs étant tardif, il pousse en même temps, voire après les légumineuses, donc il subit beaucoup de concurrence. C’est une pratique dont on entend de plus en plus parler sur le terrain mais elle est très risquée. Des essais réalisés à Lyon Saint-Exupéry en 2015 et 2016 confirment ces difficultés. Des travaux futurs visent à trouver d’éventuelles solutions mais avec les connaissances actuelles, il est plus prudent de détruire le couvert en mars afin de profiter de l’effet azote sans avoir les inconvénients liés à la concurrence. »

Semer du blé dans un couvert permanent, ça fonctionne beaucoup mieux car la concurrence est moins importante : le cycle précoce de la céréale à paille permet de tenir en respect les légumineuses !