Au Gaec Collet IS, robot et paturage font bon ménage. La traite est robotisée depuis 2009. « Avant même d’entamer la conversion bio, les vaches paturaient déjà beaucoup », expliquent Isabelle et Stéphane Collet, qui adhèrent à des groupes Ceta lait et cultures. « Nous recherchons avant tout l’efficacité et l’autonomie. »  Au printemps, la surface accessible est de 35 ares/vache avec deux paddocks par jour, complétés par de l’affouragement en vert. 

Avec la diminution de la production par vache depuis le passage en bio en 2017, l’effectif est passé de 50 à 75 vaches et le robot arrive à saturation. Les éleveurs cherchent à optimiser la fréquentation du robot, sans compromettre le pâturage. Le tout sans se laisser déborder ni par l’herbe ni par le robot (moyenne de 150 traites/jour).

« Avec 65 vaches sur le robot, en pleine saison de l’herbe, il faut que les vaches circulent en permanence pour se faire traire », lance Stéphane.

© Isabelle Lejas - L'ouverture du paddock se gère avec un tendeur relié à un crochet avec un boitier programmable alimenté à l’énergie solaire.

Circulation dirigée

Les vaches restent toujours à l’intérieur du bâtiment la nuit, ce qui évite d’aller les chercher. Elles peuvent accéder au paddock du matin dès 7 heures. Une porte intelligente du robot fait le tri entre celles qui sont autorisées ou pas à sortir. A partir de 11 h, la porte dirige vers le paddock de l’après-midi où les vaches resteront bloquées pour être sur qu’il soit bien terminé.

Les vaches ont accès à 40 ares/jour : 15 ares le matin et 25 ares l’après midi. Les éleveurs ont opté pour du pâturage tournant dynamique. L’organisation des paddocks se fait grâce à un système de couloirs conduit en fil avant et fil arrière pour s’adapter à la pousse de l’herbe.

« L’objectif est d’assurer une circulation en permanence au robot »

« Les vaches sont obligées de passer au robot dans la journée, pour passer d'un paddock à l'autre. Toutes les 4 heures, il faut qu’elles aient envie d’aller soit dans un nouveau paddock, soit d’avoir de l’affouragement en vert, soit de boire », résume Stéphane. L’eau est accessible dans les chemins et le bâtiment. Dans la matinée, Stéphane distribue l’affouragement en vert, et la ration selon la saison, mais les animaux n’ont pas accès à l’auge avant 14h. Le fourrage est repoussé vers 21h. Tout est fait pour motiver les déplacements, et valoriser l'herbe. 

Pour que le système ne soit pas contraignant en termes de temps, l’éleveur a automatisé au maximum. Les cornadis s’ouvrent à 14H grâce à un système automatisé de déblocage relié à une horloge (rotateurs Cosnet). De même, le paddock de l’après-midi s’ouvre automatiquement (système Batt-Latch).

Lors du passage en bio, le couple a investi dans une autochargeuse pour l’affouragement et une faucheuse pour l’entretien des parcelles. L’ensilage d’herbe et l’enrubannage sont délégués à la Cuma.

Le système mis en place sur l’exploitation assure de bonnes performances. La production s’élève à 6 100 litres/VL, plus élevée que la moyenne des fermes bio Ceta 35 (5 700 litres/VL). Le lait est bien valorisé, autour de 493 €/1 000 L, grâce à de bons taux : 46.9 g/l TB, 31.6 g/l  TP (moyenne 2019-21). Selon les chiffres de la méthode éco Ceta 35, le coût alimentaire du troupeau s’étabit à 78 €/1 000 L, contre 88 €/1 000 l en moyenne fermes bio Ceta 35. Il descend à 51 €/1 000 L pour les vaches laitières seules. L’élevage est complètement autonome pour les concentrés au robot grâce aux mélanges céréaliers, distribués à raison de 470 kg/VL/an.

Ce dispositif nécessite cependant une conduite très rigoureuse pour l’éleveur. « En cas de panne du robot, il faut intervenir rapidement. Pour se faire remplacer, la personne doit en connaître le fonctionnement. En général ce sont nos fils », concède le producteur. Cette pratique nécessite également une bonne technicité car la gestion du pâturage reste un exercice compliqué.