« Les collectivités et l’État déploient des moyens conséquents pour soutenir l’activité des entreprises », a reconnu le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, auditionné par le Sénat le mardi 17 juin 2025. Il était entendu dans le cadre de la commission d’enquête sur les aides publiques aux grandes entreprises et leurs sous-traitants. Mais ces aides « ne sont en réalité très souvent qu’une forme de compensation face aux charges excessives » qui peuvent « peser » sur les grandes entreprises, a-t-il jugé.
« Allègement des charges sociales »
Le coût du travail en France est, selon lui, « un frein à l’embauche et à la compétitivité » face aux concurrents européens. « En France, pour un coût total de 100 € pour l’entreprise, un salarié touchera 55 € avant impôt sur le revenu. À titre de comparaison, c’est 66 € en Allemagne, 78 € en Italie et encore 84 € aux États-Unis », illustre Emmanuel Besnier. Le numéro un mondial du lait plaide donc non pas pour davantage d’aides sociales, mais pour un allègement des charges sociales.
Le patron de Lactalis dénonce aussi « une multiplication des seuils et des critères différenciants » entre PME, entreprises de taille intermédiaire (ETI) et grands groupes qui n’est pas « pertinente ». « Nous avons des fromageries exactement de la même taille que celles de PME, et nous sommes en concurrence frontale avec elles », dépeint-il. Le groupe se dit favorable à une équité d’accès aux aides quelle que soit la taille de l’entreprise « à partir du moment où on fait les mêmes produits pour les mêmes clients, avec les mêmes contraintes. »
19,7 millions d’aides publiques pour Lactalis
Lactalis a aussi présenté aux sénateurs le bilan des montants qu’il a perçus en 2023 : 18,7 millions d’euros au titre des aides publiques. « Cela représente 0,6 % de notre chiffre d’affaires, ce qui est relativement faible », souligne Emmanuel Besnier. Et d'ajouter que Lactalis est « un très gros contributeur fiscal et social en France ».
Dans le détail, le groupe a bénéficié de différentes aides sociales pour un montant de 12,3 millions d’euros, soit 1,3 % du coût de la masse salariale totale supportée par le groupe. Lactalis employait 15 900 personnes en 2023. Des subventions d’équipements industriels ont été obtenues à hauteur de 1,8 million d’euros, soit 0,7 % des montants investis par le groupe sur ses outils en France.
Enfin, le géant laitier a bénéficié de différents crédits d’impôt pour un montant total de 4,6 millions d’euros. En comparaison, le groupe a eu une charge fiscale de 110 millions d’euros en 2023, dont 55 millions d’euros au titre de l’impôt sur les sociétés.