Un « dysfonctionnement majeur » et une « entreprise défaillante ». Qu’il s’agisse de Stéphane Travert, le ministre de l’Agriculture, ou de Bruno Le Maire, celui de l’Économie, le gouvernement ne mâche pas leurs mots concernant les ratés constatés tout au long de la chaîne depuis l’annonce par Lactalis, en décembre, du rappel de lots de poudre de lait infantile contaminés par des salmonelles.

Le Maire s’en mêle

Ce matin, Bruno Le Maire a annoncé avoir convoqué les représentants de la grande distribution à Bercy ce jeudi 11 janvier 2018 à 18h30 et la direction de Lactalis demain. « L’État s’est […] substitué à une entreprise défaillante dont je rappelle qu’elle est la seule responsable de la qualité et de la sécurité des produits mis sur le marché », a-t-il dénoncé lors d’un point de presse en fin de matinée.

 

Le ministre rappelle ainsi qu’il a dû signer lui-même un arrêté demandant la suspension de la commercialisation des laits infantiles et le rappel de quelque 600 lots, soit 11 000 tonnes. Il annonce également 2 500 contrôles supplémentaires « dès la semaine prochaine » par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

 

Lors des 2 000 contrôles déjà réalisés depuis le 26 décembre par la DGCCRF dans des supermarchés mais aussi d’autres établissements comme des crèches ou des hôpitaux, « 91 détenaient des boîtes de lait infantile de Lactalis qui auraient dû être retirées, précise Bruno Le Maire. Cette affaire est grave, elle a donné lieu à des comportements inacceptables qui devront être sanctionnés. »

Une enquête pénale

« D’abord, il y a une enquête pénale qui a été déclenchée et doit permettre de voir quelles sont les responsabilités précises de chacun et avoir des sanctions, indique Christophe Castaner, le délégué général de La République en marche interrogé sur France Info. Ensuite, il faut très clairement mettre tous les opérateurs autour de la table parce que chacun est responsable à son échelle d’actions de ce système-là, pour faire en sorte qu’on ait le système le plus fiable possible. »

 

« Il y a eu d’abord une défaillance de l’entreprise, de la grande distribution, il y a eu aussi peut-être une défaillance de l’État, juge de son côté sur RTL l’ex-candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon, déplorant une réduction des effectifs de la DGCCRF. On baisse la garde c’est-à-dire qu’il y a moins de contrôle sur le terrain et les entreprises qui réduisent leurs coûts pour des logiques de profits nous exposent à des dangers sanitaires. »

Une enquête parlementaire

Deux députés, Geoffroy Didier, secrétaire général délégué des Républicains (LR), et Clémentine Autain (LFI), réclament la création d’une commission d’enquête parlementaire. « Je crois que les excuses commerciales qui ont déjà d’ailleurs commencé de la part de certains groupes de grande distribution, les rapports administratifs qui vont s’accumuler ne suffiront absolument pas, a réagi Geoffroy Didier sur Public Sénat. L’État aujourd’hui n’est pas suffisamment armé pour avoir un pouvoir hiérarchique sur les procédures de rappel », qu’il ne peut qu’« encadrer ».