La pluie fait enfin une trêve. La visibilité est bonne, le vent souffle un peu, mais pas trop. Il est 19 h ce 23 juin et après avoir lâché un petit ballon d’hélium pour vérifier la direction et la force du vent, l’enveloppe du ballon est déployée et la nacelle couchée sur la pelouse d’un terrain de polo. À l’aide de deux ventilateurs, le ballon se gonfle d’air froid pendant une vingtaine de minutes. « À partir du moment où je vais allumer les brûleurs, tout va aller très vite », prévient Fabrice Breuzard, à la tête d’Aériance qui propose des vols en Essonne. En quelques minutes, le ballon, dont l’air est chauffé au gaz, se redresse. Tout le monde grimpe dans la nacelle.

Avant le décollage, des ventilateurs gonflent le ballon d'air. (©  Florence Melix)

La montgolfière décolle. En quelques minutes, elle atteint 500, puis 1 000 mètres d’altitude. Fabrice a passé trois heures à préparer la trajectoire potentielle. Il constate rapidement que le vol aura peu de choses en commun avec l’itinéraire théorique. « Comme en agriculture, ce sont les conditions météo qui dictent mon métier », lâche-t-il alors que nous survolons la plaine du sud du département. Portée par le vent, la notion du temps disparaît. Seuls les bosquets, les villages, les cours d’eau, les parcelles de céréales versées par la pluie de ces derniers jours, nous ramènent à la réalité. Même le bruit du brûleur au-dessus de nos têtes, actionné régulièrement pour s’élever, devient ronronnement.

Si cette zone francilienne est rurale, elle est aussi riche de plusieurs châteaux dont le domaine de Courances. Par chance, les vents nous y conduisent. D’en haut, la perspective prend vie. Les reflets des arbres et du ciel sur les étendues d’eau sont magnifiés par le coucher du soleil qui s’annonce. Pendant que le passager lâche prise, le pilote reste concentré. Pour modifier le cap, Fabrice change d’altitude profitant ainsi d’un courant différent. L’enjeu : ne pas se laisser emporter au-dessus de la forêt de Fontainebleau au risque de se poser dans les arbres. Les réserves de propane diminuent, il faut déjà penser à l’atterrissage.