Lisbonne se réapproprie progressivement les rives de son fleuve, le Tage, à l’image de nombreuses capitales européennes. Ainsi, à l’est, le quartier de Beato devient tendance. Ses anciennes usines militaires sont investies par des artistes, les petits producteurs d’huile d’olive ou de vin ont pignon sur rue, galeries et cafés fleurissent dans ses rues pavées… Une institution justifie à elle seule une incursion sur ces berges : le musée national des Azulejos, les carreaux de faïence traditionnels. Une fresque spectaculaire y représente Lisbonne avant le séisme de 1755, esquissée depuis les flots. À l’ouest, les quais sont bordés par le musée d’Art, d’architecture et de technologie (Maat), nouveau fleuron de la cité faisant penser à une immense vague blanche. Depuis son toit-terrasse, le regard porte jusqu’à la tour de Belém puis l’océan Atlantique, où s’élancèrent toutes voiles dehors les grands navigateurs.
Parmi eux, Vasco de Gama partit pour les Indes en 1498. Un pont, le deuxième plus long d’Europe, porte aujourd’hui son nom. Le viaduc permet de traverser le Tage en direction de Comporta, dans la région de l’Alentejo. Plein sud, ce bourg offre une escapade campagnarde au milieu des rizières peuplées de cigognes. Le Caroline, un riz blanc de qualité supérieure, y est cultivé, très apprécié des Portugais, premiers consommateurs d’Europe de cette céréale. Il se goûte sous forme d’arroz de lingueirão (riz aux couteaux) ou d’arroz de marisco (riz aux fruits de mer), délicieux.

Au premier abord, le village de Comporta ne paie pas de mine avec ses simples maisons blanches coiffées de tuiles et ses rares passants, dont des agriculteurs au visage buriné par le soleil. Mais le visiteur tombe vite sous son charme, dans les pas de Madonna ou de Philippe Starck qui ont contribué à en faire l’un des repaires « hippie chic » du globe. Une plage infinie s’étire de l’autre côté d’une grande dune. Quant à la forêt, une route serpente entre les pins, les cactus et les chênes-lièges jusqu’à Porto Palafitico, un vieux village de pêcheurs sur pilotis particulièrement photogénique sous le ciel « azul » (bleu en portugais).