Il neige dru chaque hiver sur Hokkaido, la grande île du nord du Japon au climat rude. Enfouies sous 1,5 à 2 mètres de neige, les vignes de Niki Hills sont donc plutôt difficiles à voir d’octobre à mars-avril. Ce vignoble a été planté il y a huit ans, au sud de Sapporo dans le cadre d’un projet d’œnotourisme comprenant aussi un restaurant et un hôtel. Il a pris place sur le flanc sud d’un verger de pommiers, de pruniers et de cerisiers, sur un sol volcanique, avec des variétés pourtant fragiles comme le pinot noir, aux côtés des autres cépages, kerner, zweigeltrebe, chardonnay et merlot. Toutes appartiennent aux 57 variétés autorisées dans les vins d’appellation Hokkaido.

Pour survivre sans se briser sous le poids de la neige, les ceps sont plantés en biais et rabattus au sol après la vendange. « Les rangs sont tous orientés vers le sud. Nous taillons bas et, en ôtant les câbles de maintien, nous pouvons pousser le cep au sol. Il faut évidemment du temps pour cela comme pour raccrocher tous les pieds au printemps », résume Mariko Withrington, la maître de chais néo-zélandaise d’ascendance japonaise. La grande amplitude thermique entre les jours et les nuits, d’avril à octobre, confère aux raisins d’Hokkaido une concentration élevée en sucre et en acides organiques. Plusieurs vins commencent à se faire un petit nom…

Depuis les années 1970, le vignoble s’est peu à peu développé au Japon. L’île d’Hokkaido est une zone de production agricole très variée qui concentre par exemple 60 % de la production laitière nippone et 100 % de ses betteraves. On y compte aussi 55 caves, trois fois plus qu’il y a dix ans.

Avec 55 domaines, on compte désormais trois fois plus de viticulteurs sur l'île d'Hokkaido qu'il y a dix ans. (©   Solenn Delhaye-Boloh)

Hokkaido reste encore à l’écart des zones touristiques habituelles des Européens alors qu’elle recèle une grande diversité de paysages et d’intérêts touristiques dont ses sources chaudes (onsen) et ses grands parcs sauvages comme Shiretoko à l’est de l’île. Il est conseillé d’installer une clochette sur son sac à dos pour avertir les ours de son arrivée : c’est en effet par là que Ninja, un ours brun tueur de vaches, a été abattu cet été après quatre ans de traque.

Yanne Boloh