La petite commune de La Laigne, aux confins de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, abrite des céréaliers et un maraîcher qui ont été parmi les premiers de la région à se lancer dans l'aménagement de réserves de substitution collectives. Cette même petite commune est aussi celle où vit le président de l'association Nature Environnement 17.
Procédures et recours à répétition
Ensemble, les neuf exploitants ont créé l'ASAI (Association syndicale autorisée d'irrigation) des Roches. À partir de 2008, ils ont construit cinq réserves, devenues des « bassines », selon le nom que leur ont donné les opposants, réparties sur les communes de La Laigne, Cram-Chaban et La Grève-sur-le-Mignon. Remplies en hiver lors des excédents de pluies hivernales, elles devaient ensuite être utilisées l'été pour arroser les cultures.
Mais depuis le premier coup de pelleteuse, France Nature Environnement 17 ne les a pas lâchés et a multiplié contre eux procédures et recours, plus d'une vingtaine en tout, devant toutes les juridictions possibles. Jusqu'au Conseil d'État qui, en 2023, confirmait la décision de la cour administrative d'appel annulant l'arrêté préfectoral de 2015 autorisant le remplissage et l'exploitation des réserves.
Dernière décision, celle du tribunal correctionnel de La Rochelle a été rendue le lundi 7 juillet 2025. Pour avoir continué d'utiliser les quatre réserves restantes (la cinquième a été incendiée par les opposants en 2022) malgré la confirmation de leur illégalité par le Conseil d'État, les neuf irrigants ont été très lourdement condamnés, au-delà des réquisitions de la procureure de la République.
« Punition collective »
Chacun d'eux doit régler une amende de 20 000 euros et chaque exploitation une autre amende de 100 000 euros. Soit un total de 1,08 million d'euros. Auxquels s'ajoutent 400 000 euros d'indemnisation à l'agence de l'eau Loire-Bretagne au titre du préjudice écologique. Et encore 30 000 euros à Nature Environnement 17 pour le préjudice moral.
Leur avocat, Me Laurent Verdier, qui défend plusieurs organisations d'irrigants, regrette une décision qu'il qualifie de « punition collective ». « On ne condamne pas les gens pour l'exemple », a-t-il regretté, rappelant l'État de droit. À la demande de ses clients, il fait appel.