En trois ans seulement, Gaëtan Aubert a converti la totalité de sa ferme au semis direct sous couvert. Cette transition du système labour à une agriculture de conservation des sols (ACS) a été accompagnée par l’Adaf (1).

Après des premiers essais sur quelques hectares de blé et de maïs en 2017, Gaëtan a converti la moitié de sa ferme l’année suivante, ne gardant en labour que le maïs et le tournesol semences, puis la totalité en 2019 après l’arrêt des semences. Sept ans plus tard, il est toujours le seul à pratiquer l’ACS dans son secteur. Ce système cultural présente pourtant de nombreux avantages.

Économies d’eau

En 2022, l’Adaf a réalisé un comparatif de deux profils de sol à 2 mètres, entre une parcelle de maïs en semis direct sous couvert chez Gaëtan et une parcelle de maïs en système labour chez un voisin. En plein été caniculaire, les racines descendaient jusqu’à 1,3 m sur la parcelle de Gaëtan, contre 80 cm sur l’autre parcelle. Cet été-là, Gaëtan a économisé 25 % d’eau par rapport à son voisin (irrigation de 1 800 m3/ha contre 2 400 m3/ha).

Cette économie s’explique en partie par les bénéfices apportés par l’ACS : meilleur système racinaire, absence de croûte de battance qui améliore l’infiltration, limitation de l’évaporation grâce à la couverture des sols, gain de matière organique sur les 20 premiers centimètres de surface qui permet d’augmenter la rétention en eau… « Des analyses effectuées sur la parcelle ont montré un taux de matière organique de 2,2 % contre 1,7 % avant le passage au semis direct sous couvert », indique Gaëtan.

Couverts d’hiver et d’été

Pour ses couverts d’hiver, Gaëtan a choisi un mélange féverole/avoine (200 kg de féverole pour 15 kg d’avoine cette année). L’apport d’une graminée en petite quantité permet selon lui de limiter la prolifération des adventices comme le ray-grass. Semé fin septembre, le couvert d’hiver est ensuite détruit par un herbicide au moins trois semaines avant de semer la culture de printemps.

« Au départ je semais la culture et détruisais le couvert après, mais je me suis aperçu que les couverts très denses empêchaient le sol de se réchauffer suffisamment », explique l’agriculteur. Suite à ce changement d’itinéraire en 2021, il a obtenu de meilleurs rendements en maïs (110 q/ha en 2021 et 122 q/ha en 2022), proches de ceux réalisés en système labour (120 q/ha en moyenne). En 2024, il n’a fait que 100 q/ha mais ce rendement le satisfait au regard de la réduction des dépenses liées au labour et à l’irrigation. Par ailleurs, il a réduit ses charges de semences de couverts d’hiver en les produisant directement sur sa ferme.

Depuis 3 ans, il réalise aussi des couverts d’été, en semant à la volée du sorgho à balais dans ses champs de blé, une semaine avant la moisson. « La paille recouvre les graines, puis je passe avec un rouleau pour qu’elles soient bien en contact avec le sol ». Le couvert est naturellement détruit par le froid en automne. Le couvert d’hiver prend alors le relais.

En participant activement à la régénération des sols, « principal outil de travail des agriculteurs », les couverts représentent pour Gaëtan un atout plutôt qu’une contrainte.

(1) Association pour le développement de l’agroécologie et de l’agroforesterie.