François Lannuzel, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Alsace, a suivi des parcelles de soja chez une dizaine d’agriculteurs dans le département en 2021 et 2022. « Nous avions identifié une demande technique sur le sujet de l’irrigation, explique-t-il. Dans le département, son raisonnement est en général calé sur celui du maïs, qui a des besoins en eau assez similaires. Mais notre travail a montré que le soja a besoin de moins de quantité par tour d’eau que le maïs. L’eau excédentaire n’est pas valorisée par la légumineuse. » Il conseille ainsi de ne pas dépasser les 25-30 mm par tour, contre 30-35 mm, voire plus pour le maïs. En 2022, année sèche, 259 mm ont été apportés en moyenne sur les parcelles de soja suivies, en 8 tours d’eau environ.

Apports de fin de cycle

« Nous avons aussi mis en évidence l’importance du dernier tour d’eau dans l’élaboration du rendement, vis-à-vis de la mise en place du PMG », déclare François Lannuzel. Il souligne par ailleurs l’importance de sécuriser le nombre de gousses pour les parcelles à haut potentiel, supérieur à 42 q/ha, en visant 1600-1800 gousses par m² (55-60 pieds par m²).  

En Alsace, principal bassin de production de soja dans le Grand Est, environ 5 000 ha de cette culture sont implantés chaque année. Le contexte pédoclimatique départemental est favorable à la production de la graine, tout comme du maïs ou du tournesol. « Il n’y a pas de problème quantitatif lié à l’eau en Alsace, précise l’expert. Les agriculteurs y ont accès sans trop de difficulté. » Il souligne en revanche que si le stress hydrique est limité, un stress thermique peut se faire sentir. Selon François Lannuzel, les surfaces de soja irrigué ont tendance à augmenter en Alsace, contrairement à celles conduites en sec. Ces dernières sont plutôt en recul au profit du tournesol ou de cultures d’hiver.