Depuis 2017, une parcelle de 0,5 ha de vignes, de luzerne et d’arbres fruitiers, à Murviel-lès-Montpellier (Hérault), est irriguée par des eaux usées traitées issues de la lagune voisine. Des bacs hors sol sous serre, où poussent salades et poireaux, profitent du même sort. Il s’agit de la plateforme expérimentale de réutilisation d’eaux usées en irrigation (2), suivie par l’Irstea. S’il faut attendre la validation des résultats au terme du projet, fin 2019, pour les suivis sanitaires et médicamenteux, certains résultats sont d’ores et déjà connus. « Après deux récoltes, les rendements en salades et poireaux sont meilleurs avec l’utilisation d’eaux usées traitées (à la sortie de la station d’épuration), par rapport aux eaux usées brutes (à l’entrée de la station) et à l’eau claire, explique Nassim Ait Mouheb, chercheur à l’Irstea Montpellier et coordinateur du projet. Il précise que l’utilisation des eaux usées brutes n’est autorisée que dans le cadre de recherches et s’il n’y a pas de contact entre ces eaux et l’environnement, ce qui est le cas dans les bacs hors sol.
Salinité des sols
« Les eaux usées traitées présentent une dose supérieure en sel et on s’attendait à observer un effet sur le sol », confie le chercheur. Après deux années d’irrigation, aucun impact n’a été remarqué en vigne, mais « un effet commence à être constaté dans les bacs où les salades et poireaux subissent davantage de tours d’eau ». Si certains verrous sont levés, on peut imaginer une évolution de la réglementation pour favoriser ce type d’irrigation.
Florence Mélix
(1) Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.
(2) Montpellier Méditerranée Métropole, HydroSciences Montpellier, l’Institut européen des membranes et LBE-Inra sont partenaires de ce projet, financé par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.