Il faut s’imaginer une chaîne de l’envergure de France 2 ou TF1 qui consacrerait chaque semaine une heure à l’agriculture. C’est ce défi que réussit l’émission Globo Rural, sur le canal principal du géant de l’audiovisuel brésilien Globo.
Depuis 1980, c’est plus de deux mille rendez-vous dominicaux diffusés et des centaines de reportages sur tout ce qui touche de près ou de loin à l’agriculture.
En tête des audiences
Mais la prouesse, ce sont ses audiences qui la placent en tête de sa case régulièrement. Une véritable fierté pour la chaîne : « C'est un programme qui a pour scénario la campagne et dont les acteurs sont les familles d'agriculteurs, de techniciens, de scientifiques, de personnes qui travaillent et vivent à la campagne. Mais il parle à tout le monde, à tous les Brésiliens, des campagnes et des villes. »
Pour couvrir tout le territoire, l’émission peut s’appuyer sur le vaste réseau journalistique du groupe. Mais les reportages techniques restent réservés à des journalistes agricoles.
Une des rubriques phares du programme : les questions des téléspectateurs. Des taches suspectes sur un fruit ? Des poules qui ne pondent pas ? Des conseils pour faire une bonne ration ? Chaque semaine, les reporters se tournent vers des chercheurs ou techniciens agricoles spécialistes qui vont proposer des solutions.
Pas de tabou
Enchaîner les reportages techniques, c’est aussi parfois composer avec des images qui pourraient perturber les téléspectateurs non avertis. Pourtant, rien n’est occulté. En élevage, il n’est par exemple pas rare de voir des animaux décimés par la sécheresse ou un vétérinaire en pleine opération, le tout sans image floutée. Même chose en productions végétales où les sujets techniques ne sont pas édulcorés. Le programme ne néglige pas non plus les sujets de controverse comme la déforestation, la réautorisation de pesticides interdits ou les conditions des travailleurs ruraux.
Du côté environnemental, la longévité de l’émission permet aussi de voir la transformation des campagnes. Comme il y a quelques semaines avec le journaliste Edson Ferraz qui accompagnait à cheval le long déplacement d’un immense troupeau de zébus à travers le Pantanal. Reproduisant un reportage similaire tourné dans les années 1980, il a permis de montrer la disparition des grandes étendues d’eau de la région de façon très pédagogique.
Traditions et modernité
La culture rurale a également une place de choix dans l’émission. La gastronomie du Minas Gerais, les traditions indigènes ou quilombolas (descendants d’esclaves devenus agriculteurs) ou musique caipira sont des sujets récurrents. Le grand écart avec les images d’exploitations ultramodernes du Mato Grosso pourrait parfois décontenancer.
Mais l’émission a gagné la légitimité nécessaire pour aborder tous ces sujets, comme l’a déclaré récemment Manuel Falcão, directeur de la communication chez Globo dans un communiqué : « L'agro-industrie brésilienne et les informations sur la vie à la campagne sont des sujets que Globo traite avec beaucoup de soin et d'attention depuis de nombreuses années. En ce moment, nous tournons nos yeux vers le côté humain de l'agro-industrie en valorisant les gens. Car ce sont eux qui font vivre le secteur. »