La région est fréquemment secouée par des tremblements de terre dus aux poches de vide formées lors de l’extraction de gaz. De faible magnitude mais proches de la surface, ces séismes ont déjà provoqué de nombreux dégâts dans les habitations, fermes et bâtiments historiques.

« Ça suffit »

« Tout est en train de s’effondrer, notre héritage culturel, nos fermes, nos églises, et finalement aussi les gens, témoigne Annemarie Heite, une agricultrice de 47 ans. Les habitants de Groningue ne sont pas juste fatigués, ils sont furieux. Nous n’avons pas été pris au sérieux, ça suffit. »

 

Les agriculteurs de Groningue ont manifesté leur colère jeudi dernier par dizaines à La Haye, avec leurs tracteurs, pour protester contre les extractions, alors que des députés se réunissaient pour un débat au Parlement.

 

Un séisme en janvier de magnitude 3,4, le plus fort dans la région depuis 2012, est la goutte de trop pour les habitants. Deux sites d’extraction de gaz seront fermés « à court terme », annonce Eric Wiebes, ministre des Affaires économiques et du Climat.

Réduction rapide

Mis sous pression, le ministre indique vouloir réduire la production à 12 milliards de mètres cubes « le plus rapidement possible ». Il s’entretiendra avant cela avec les pays importateurs de gaz néerlandais, dont la France et l’Allemagne.

 

L’organisme public de surveillance des mines néerlandaises a conseillé à l’État plus tôt jeudi de réduire de près de la moitié les extractions de gaz naturel dans la région de Groningue, où le ras-le-bol des habitants était à son paroxysme.

 

« Une intervention majeure est nécessaire pour respecter les normes de sécurité et réduire de manière significative les risques de dommages », a expliqué Theodor Kockelkoren, inspecteur général de l’organisme de surveillance.

« La sécurité des habitants »

« Il s’agit de la sécurité des habitants », lance-t-il. En 2017, 21,6 milliards de mètres cubes de gaz ont été extraits à Groningue. Selon Gasunie, qui gère le réseau de distribution de gaz, réduire la production à 12 milliards de mètres cubes laisserait de nombreux foyers sans chauffage l’hiver prochain.

 

Le gouvernement néerlandais, chargé de l’évaluation des compensations des habitants, érigera une commission indépendante en mars pour étudier les quelque 14 000 demandes. Le groupe NAM, détenu par Shell et ExxonMobil et qui exploite le gisement de Groningue, devra sortir le chéquier.

 

« Toutes les factures de dédommagement de dégâts liés à la production de gaz seront payées », a assuré au Parlement Marjan van Loon, directrice de Shell Pays-Bas.