Le décret-loi d’orientation et de modernisation de l’agriculture, adopté en Italie en 2001, ne cherchait pas seulement à améliorer les revenus des agriculteurs en autorisant des diversifications, mais il fondait le développement rural sur les agriculteurs eux-mêmes.

Maintien d’un tissu économique et social rural

Les fonctions de l’agriculture étaient définies comme primaires (productions de biens agricoles et énergie), secondaires (transformation, dont restauration et artisanat) et tertiaires (hébergement, éducation, services, etc.). Ces activités s’inscrivent dans la définition européenne qui va au-delà de la fonction productive. L’agriculture fournit la sécurité alimentaire, de l’énergie, l’entretien des paysages, la préservation de la biodiversité, le maintien d’un tissu économique et social rural.

 

Les marchés de producteurs affichaient 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020. Plus de 22 000 fermes ont développé différentes formes d’agritourisme, en dégageant 2 milliards de chiffre d’affaires annuel avant la pandémie. Leur créativité sans limite a vu émerger des portages de repas à domicile, de l’accueil de jour, de la médiation animale, ou encore des crèches, écoles maternelles et centres de loisirs à la ferme, qui comblent un déficit de services de ce type en milieu rural.

Réinsertion par le travail

Quant aux fonctions sociales de l’agriculture, l’exemple le plus évident est celui des fermes qui font travailler des publics en difficulté : porteurs de handicaps physiques ou psychiques, éloignés de l’emploi, prisonniers. Stefano Grandis, à Villafranca di Verona (Vénétie), s’est installé hors cadre familial il y a 5 ans, sur une ferme bio de 12 ha. Il a créé une société agricole, la Fattoria sociale Tezon, dans laquelle est également associée à 51 % une coopérative sociale. Tous les jours, il cultive des 8 ha de céréales, des fruits et des légumes, aux côtés de Filippo Scavazza, éducateur, et des 4 ou 5 personnes en réinsertion que ce dernier accompagne, durant 3 à 12 mois. L’idée de cette collaboration est née de la réhabilitation d’un bâtiment industriel rural.

 

« L’avantage d’une ferme par rapport à un atelier, c’est que sur l’exploitation, il y a une multitude de taches, exigeant des compétences très différentes, du semis, à la vente, en passant par le nettoyage, la mécanique. Il est donc plus facile de trouver du travail pour chacun, quelle que soit son humeur du jour », explique Filippo, seul responsable des encadrés. Stefano le reconnaît, l’efficacité de sa ferme n’est basée que sur les deux UTH de Filippo et lui-même.

Soutiens des régions

La plupart des régions italiennes soutiennent ces fermes multifonctionnelles avec des aides du second pilier. Ces entreprises doivent aussi respecter les règlementations de tous les secteurs dans lesquelles elles opèrent : diplômes, équipement, sécurité, nombre d’encadrants… Une vision payante, puisque l’agriculture attire de plus en plus de jeunes. 6 150 jeunes agriculteurs se sont installés en 2020, soit 8 % de plus qu’en 2016.