« L’Autriche est le pays où l’on facilite le plus la transmission des fermes dans l’Union européenne. Les résultats sont là. 12 % des chefs d’exploitation ont moins de 35 ans », affirme Carina Reiter, jeune députée du Parti populaire autrichien de 33 ans, agricultrice à temps partagé. « Il y a une belle unanimité pour affirmer que l’agriculture est un bien national assumant les trois piliers de la durabilité. L’État et ses élus y veillent. »
Ce succès est le fruit d’une stratégie qui a plus de soixante ans. En 1960, le parlement a voté une loi qui exonérait de taxes toutes les transactions immobilières dans les successions agricoles, à charge pour le repreneur d’assurer une vie décente à la génération cédante. À l’époque, on avait défini un volume de lait quotidien, des kilos de viande, du bois ou encore des mètres carrés habitables. Aujourd’hui, on parle de niveau de vie.
Une formation minimum
« C’est assez simple, lorsqu’un agriculteur veut prendre sa retraite, il le fait savoir à sa famille ou trouve un repreneur. Pour ne pas léser les descendants directs qui ne souhaitent pas reprendre l’exploitation, une négociation à l’amiable a lieu chez le notaire pour établir un contrat. Il existe une compensation rarement monétaire mais plutôt en don sous forme de terres ou de volume de bois de construction. L’État propose des services gratuits de conciliation et un numéro vert. » Les seuls frais pour le repreneur sont les honoraires du notaire. Pour prétendre à cet avantage, il faut justifier d’un niveau de formation minimal. Il existe peu d’autres aides, si ce n’est celle à la primo-installation qui varie entre 6 000 et 15 000 euros, et les aides de l’Europe.
Soutien politique
Politiquement, il y a un consensus pour préserver le modèle, même si certains partis de gauche ont souhaité, il y a deux ans, revenir sur cette gratuité, pour la réserver uniquement aux fermes en dessous de la moyenne nationale de 30 hectares. « Nous nous sommes battus pour garder cette tradition pour tous, il y va de l’équilibre de notre agriculture dont 70 % des surfaces sont classées en moyenne montagne ou plus, et les deux tiers des paysans sont pluriactifs », explique la députée de droite.
Les Autrichiens sont solidaires car ils ont confiance dans leur agriculture. « Nous avons un devoir de transparence. Je passe une partie de mon temps à présenter aux citoyens les efforts de la profession sur l’environnement, la ruralité et la biodiversité », précise Carina Reiter. « Le prochain combat est celui du climat. Je suis optimiste et réaliste. Il va falloir que nos agriculteurs évoluent intellectuellement et dans leurs pratiques. »