« Le Pac-exit n’aura pas lieu. » Le message lancé lors de la réunion informelle des ministres de l’Agriculture européens le 2 septembre au château de Chambord est symbolique. Après le Brexit, le vote pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), les dirigeants européens montrent qu’ils sont « attachés à la Pac, qu’elle est partie prenante du projet européen », a souligné Stéphane Le Foll, maître de cérémonie.

 

Le lieu choisi pour montrer que l’on « peut parler d’un avenir commun », selon les termes du ministre allemand, Christian Smith, est tout aussi emblématique. Monument public, propriété du ministère de l’Agriculture (donc gratuit), il symbolise le rayonnement de la France en Europe censé rappeler que Paris garde de l’influence sur ses partenaires.

 

Vingt ministres étaient au rendez-vous, bien qu’organisé en dehors de tout cadre officiel : l’Espagne, le Portugal, l’Italie, les Pays-Bas, la Finlande, la Lettonie et la Croatie étaient absents. Le Royaume-Uni n’a pas été invité. De leur côté, les syndicats n’ont pas goûté au symbole. Ils y ont vu une autre preuve du décalage entre les politiques et le terrain.

Plaidoyer pour la Pac

« On sent qu’un truc s’est passé », a déclaré Stéphane Le Foll à l’issue de la matinée de débat. « On a cheminé. Mais comme l’a dit mon collègue irlandais, citant Mao “C’est un premier pas, il reste une longue marche pour arriver au but” ». Bien que court (deux heures), le débat a permis de tirer quatre grands principes partagés :

  • La Pac est nécessaire. « L’agriculture est au cœur de notre économie, ce n’est pas un soutien sentimental », a déclaré l’Allemand. Son budget doit rester conséquent ;
  • Un travail de simplification est nécessaire ;
  • Les défis alimentaires, environnementaux, économiques et territoriaux sont largement partagés. La Pac devra tâcher d’y répondre. Elle devra aussi être pensée davantage en lien avec les autres politiques européennes, notamment la politique énergétique ;
  • Face à des crises « extrêmement dures, de marché, climatique, sanitaire, des outils sont à améliorer, d’autres à inventer », a assuré le ministre Français. « Cette question, et c’est nouveau, va nécessiter un débat sur une politique spécifique ou un troisième pilier pour donner des outils aux agriculteurs ». Pour la France, et les céréaliers notamment, il doit faire des propositions d’ici au 20 septembre.

Anticiper les crises

 

Au niveau européen, des pistes sont ouvertes, a précisé Stéphane Le Foll. Il faisait notamment référence aux propositions qu’il a mises sur la table lors d’un débat à Amsterdam le 31 mai 2016 sur la Pac post-2020, et en particulier à la mise en place d’une épargne de précaution (ndlr, sur les aides directes). Néanmoins, ce n’était pas l’objet de la journée de s’exprimer sur les propositions françaises (lire l’encadré).

 

À Bratislava (Slovaquie) dans dix jours, les ministres entameront un premier travail de réflexion sur la répartition de la valeur ajoutée dans la chaîne alimentaire. « Aujourd’hui, les agriculteurs prennent tous les chocs », a souligné Stéphane Le Foll.

 

Le message est d’autant plus fort qu’il semblait aujourd’hui partagé. L’absence des Britanniques (et des Néerlandais), souvent opposés à la France, y est-elle pour quelque chose ? Une nouvelle majorité est-elle en train de se construire ? Un vent nouveau, moins libéral, va-t-il souffler sur la Pac ? Rien n’est moins sûr quand on sait que la Commission européenne a l’initiative de la loi. Mais il est permis d’espérer.