Les pluies des derniers jours dans l’ouest du Pas-de-Calais se sont abattues sur des sols déjà saturés en eau. En l’espace d’un mois, il est tombé l’équivalent de six mois de précipitations. Environ 100 000 hectares seraient touchés par les crues et les inondations, selon la coopérative Unéal, avec des agriculteurs plus ou moins touchés. Des stockages de céréales chez les exploitants ont été inondés. Tous les dégâts sont encore difficiles à mesurer, comme ceux constatés dans les élevages.

Certains maïs ne seront pas récoltables

Cette situation a mis à l’arrêt les récoltes d’automne, notamment celles des maïs grains. Avec la tempête Ciaran au début du mois de novembre, ces cultures avaient déjà subi de la casse, mais aujourd’hui avec les inondations certains ne sont plus récoltables.

Ironie du sort : « Les surfaces en grain sont plus importantes qu’habituellement. Du fait d’une bonne récolte de maïs ensilage, il y a eu davantage de transfert en grain », relate Jean-Pierre Clipet, secrétaire général de la FDSEA de la Somme.

Alimenter les sucreries

Concernant les betteraves, les récoltes sont faites à moitié. Trois sucreries de Tereos sont présentes dans le département, à Attin, Lillers et Boiry. « La semaine dernière, il restait environ 5 700 hectares à arracher pour la sucrerie d’Attin et 12 000 hectares pour celle de Lillers », calcule Jean-Pierre Clipet.

Tereos a ajusté la cadence de ses trois usines, car les stocks de betteraves en bout de champs diminuent petit à petit. Les plannings de mise à disposition sont adaptés ainsi que la gestion de la tare terre.

Du côté des pommes de terre, il en reste environ 15 % à arracher. « Elles risquent de pourrir dans l’eau », s’inquiète le secrétaire général de la FDSEA de la Somme. Par ailleurs, toutes les chicorées sont à encore à récolter, dans le delta du cours d’eau l’Aa en proie aux crues. « Cela représente 800 hectares », détaille-t-il.

Certains semis de blé pas commencés

Ces retards de récolte impactent les implantations de blé. « Selon les secteurs, 50 à 80 % des semis restent à faire », indique Jean-Pierre Clipet. Dans les Flandres, certains agriculteurs n’ont même pas commencé. Dans le meilleur des cas, après quelques jours de soleil, il sera possible d’entrer à nouveau dans les parcelles. Mais parfois il faudra attendre jusqu’à décembre que cela ressuie suffisamment. Les coopératives et négoces ont remis en fabrication des semences de variétés tardives.

Quant aux blés qui ont déjà été semés, ils sont sous l’eau ou dans des sols engorgés. « Ceux implantés dans le sec avant la mi-octobre, jaunissent dans l’eau, mais cela devrait aller. Pour les plus petits, ce sera plus compliqué », s’inquiète l’élu de la FDSEA. Quant aux colzas et escourgeons, la situation est aussi critique.