Après des précipitations histo­riques de fin janvier sur une bonne part de la France, se sont succédés la neige, le verglas et des températures glaciales. Survol de ces intempéries, du sud vers le nord.

Le Lot-et-Garonne a les pieds dans l’eau

En Aquitaine, les sols étaient déjà saturés d’eau par les pluies de décembre quand sont survenues les précipitations de fin janvier. À Dax (Landes), l’Adour est montée jusqu’à 5,86 m le 3 février 2021 (contre 0,40 m le 22 janvier), tandis qu’à Mont-de-Marsan, la Midouze atteignait aux mêmes dates 6,15 m (contre 0,76 m). L’impact dans les champs, en majorité prévus pour des cultures d’été, est difficile à quantifier. Les dégâts concernent davantage les carottes et les aspergeraies.

 

Mais rien de comparable avec le Lot-et-Garonne, où le phénomène a été amplifié par un redoux en montagne entraînant une fonte des neiges dans le Massif central et les Pyrénées. À la station de Marmande, la Garonne est passée d’un peu moins de 2 m le 23 janvier à 10,20 m le 4 février, proche de son record historique de 1875 (11,39 m). Les images satellites montrent que les surfaces en eau sont passées de 1 268 ha (cours normal de la Garonne) à 13 615 ha au plus fort de la crue sur le tronçon Aiguillon-La Réole. Les recensements des dégâts, importants pour de nombreuses exploitations, sont en cours, tandis qu’une lente décrue se poursuit.

 

A l’exception du Languedoc, toute la France présente un excès d’eau. <?EM-dummyText [photo-article-crédit]?>
A l’exception du Languedoc, toute la France présente un excès d’eau.

A l’exception du Languedoc, toute la France présente un excès d’eau.

 

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Les Charente et les Deux-Sèvres en décrue

En Poitou-Charentes, les inondations ont touché la Charente, la Charente-Maritime et les Deux-Sèvres. La décrue a commencé le 7 février 2021 en Charente, puis le 8 février 2021 dans les deux autres départements. Comme les zones concernées sont inondables et que la crue a été progressive, les exploitants, qui en connaissent les risques, ont eu le temps de mettre à l’abri matériel et animaux. Il n’y a pas de victimes humaines ni animales, pas de dégâts chiffrés pour l’instant, ni d’interruption de la collecte de lait. Les agriculteurs savent s’organiser en faisant jouer la solidarité. Il faudra voir à quelle vitesse se fait la décrue pour réa­liser des estimations sur les parcelles cultivées, sachant que la majeure partie des surfaces est en prairie.

 

 

 

La Seine-et-Marne comme souvent

En Île-de-France, comme souvent, les inondations ont sévi en Seine-et-Marne. À la station météo de Melun, il est tombé 108 mm de pluie en décembre et 96 mm en janvier. Soit, pour chaque mois, 75 % de plus que la normale. À Paris, la crue de la Seine a atteint son maximum le 6 février à 4,54 m (5,88 m en 2018).

 

Des questions sur l’artificialisation des sols en Hauts-de-France

En Hauts-de-France, dans l’Aisne, à Mesbrecourt-Richecourt, « depuis trois mois, il est tombé 350 mm sur l’exploitation », constate Hubert Compère, agriculteur et président du Syndicat de la Serre aval, la rivière qui traverse sa commune. « J’ai 5 ha sous l’eau, mais chez d’autres, c’est 20 à 30 % de la surface qui est inondée. »

 

Depuis dix jours, les cinq départements des Hauts-de-France ont été placés en vigilance orange pour les crues de l’Helpe, la Lys, la Canche, l’Oise, la Somme, etc. À Maroilles (Nord), l’Helpe est montée de 1,80 m le 27 janvier à 3,82 m le 4 février. À Venette, près de Compiègne, l’Oise est passée de 3,80 m le 30 janvier à 5,11 m le 4 février. Selon Météo France, en décembre et janvier, il est tombé entre 1,4 et deux fois plus d’eau que les normales saisonnières. « Le cumul des pluies est la première raison des inondations. Mais contrairement à ce qu’on observait il y a quelques années, nous n’avons remarqué aucune ravine dans les champs, poursuit l’agriculteur. Dans le département, il n’y a plus de sol nu pendant l’hiver, et ça marche. En revanche, les surfaces bétonnées, routes et chemins accentuent le surplus d’eau dans les rivières. Et avec la suppression quasi systématique des seuils, les ouvrages comme les moulins, l’eau n’est plus assez freinée, et dévale vers les zones basses. »