Il y a tout juste un an, Antonin Boissel est rentré chez lui, à Crissé dans le nord-ouest de la Sarthe, « pour préparer mon installation », explique le jeune homme de 23 ans, jusqu’ici salarié d’une exploitation de polyculture-élevage dans l’Orne. Titulaire d’un bac pro responsable d’exploitation agricole (REA) et d’un BTS Acse, Antonin Boissel a prévu de s’associer avec son père, éleveur laitier (60 VL) sur 80 ha. « Cela implique de trouver à peu près autant de surfaces à reprendre afin de doubler la production laitière tout en la sécurisant. »
En parallèle des étapes du parcours à l’installation, Antonin s’est donc mis en quête de foncier. « Avec la chance d’être lancé dans cet exercice par mon père », reconnaît-il. Concrètement, père et fils ont pris contact avec deux agriculteurs, des voisins (1 et 3 km) proches de la retraite et a priori sans successeur.
L’appui de son père
« Nous connaissions l’un et l’autre, seulement de nom. Très honnêtement, la démarche n’est pas si simple. Seul, je ne sais pas si j’aurai su amener le sujet correctement. Dans ce type de situation, ce qu’on dit peut vite devenir contre-productif. » Ces premières prises de contact ont duré une heure environ. « Le temps de me présenter, d’exposer notre projet, d’écouter l’agriculteur dans ce qu’il souhaitait nous dire et de créer du lien. » Sur le plan formel, le duo s’est présenté spontanément à la sortie de l’hiver, à un moment de disponibilité.
Plusieurs rendez-vous
Dans la discussion, père et fils n’ont pas parlé d'« argent ». « À mon sens, la dernière chose à faire à ce stade », estime Antonin. À l’issue de ces rencontres, l’un des deux agriculteurs n’a pas donné suite, « finalement, un enfant devrait lui succéder ». Avec l’autre, l’échange se poursuit. « Depuis ce premier entretien, nous l’avons revu deux fois, sur un temps plus court (environ 30 minutes). Il souhaite désormais voir son conseiller de gestion. Pour résumer, nous avons des informations sur la ferme, pas de refus mais pas non plus de décision. Et sur le fond, nous ne la brusquerons pas. Ce serait inutile ».
Un « pas de temps » différent
Antonin poursuit son parcours vers l’installation. Il démarrera prochainement sa formation Certi Créa (NDLR : création ou reprise d’une entreprise agricole), avec un accent particulier sur l’installation sociétaire. « Mon projet, c’est la seule carte que j’ai vraiment en mains », constate le futur agriculteur. « La rencontre d’un candidat à l’installation et d’un futur cédant s’inscrit dans un schéma de communication bien précis et chacun y arrive avec son cadre de référence », rappelle Anne-Claire Copleutre, conseillère en installation et transmission à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
De fait, candidat et cédant n’ont pas le même « pas de temps ». Une installation bien menée demande en moyenne dix-huit mois de démarches. Une cession, deux ans et demi à trois ans.