Au pied des Pyrénées ariégeoises, les premières brebis de Yoann Clément sont arrivées le 4 janvier 2024. C’est un rêve qui aurait pu ne pas voir le jour. Alors que « ça coinçait au niveau des banques », son installation n’aurait pas été possible sans l’intervention de la foncière agricole de l’Occitanie. L’organisme a acheté 63 hectares sur les 81 hectares de l’exploitation en vue de l’obtention de l’accord bancaire pour pouvoir répondre à la candidature auprès de la Safer. « La foncière m’a permis d’être solvable », résume Yoann Clément.
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Durant une dizaine d’années, l’ancien berger a arpenté les montagnes de France avant d’atterrir au service de remplacement ariégeois. « Ça a duré un an et c’est comme cela que j’ai eu vent de cette ferme » sur la commune de La Bastide-de-Bousignac. « Quand je l’ai vu, elle n’est plus ressortie de mon cerveau, ça cochait vraiment tous mes souhaits », se rappelle Yoann Clément.
La ferme, nichée sur une colline, est à l’abandon depuis deux ans après la mort des deux frères, propriétaires de quelques vaches et doubles actifs à l’usine du coin. « J’avais une idée précise du système que je voulais mettre en place avec le moins de charges possibles : pas de matériel, de cheptel ou de clôture à racheter. Tout ça me convenait très bien. J’ai tout donné pour m’installer sur cette exploitation. »
Besoin d’un apport
La Safer estime l’exploitation à 395 000 euros pour le foncier et les bâtiments. « Tout seul, ce n’était pas possible », explique Yoann Clément. Durant son parcours à l’installation avec la chambre d’agriculture, le jeune éleveur pense au portage de foncier, tout comme les banques qui l’ont « fortement incité » lorsqu’il leur présentait le projet d’installation.
C’est lors d’un accueil collectif pendant le parcours à l’installation avec la chambre qu’il entend parler de l’Arac, la structure porteuse de la foncière régionale de l’Occitanie. Le partenariat se met en route, avec dans le viseur, l’obtention de l’exploitation.
En octobre 2022, le premier rendez-vous avec la foncière est fixé. Le comité technique de la Safer ayant lieu au mois de mai, l’équipe monte rapidement le dossier au premier trimestre de 2023. Le bail est signé à l’automne 2023 et l’activité peut commencer un an après le début des démarches, à la fin de l’année.
Un portage de 9 ans
En achetant une partie des terres de l’exploitation pour 145 000 euros, la foncière régionale de l’Occitanie a permis à Yoann Clément de reprendre à son compte les bâtiments. « Le portage mis en place peut courir de quatre à neuf ans sur un montant maximal de 150 000 euros, […] sur tout ou une partie du foncier », précise Emmanuelle Laganier, responsable de la foncière qui a accompagné Yoann Clément dans son projet d’installation. L’agriculteur paiera des frais de portage, « pour payer l’ensemble des coûts que va engager son projet pour la foncière ».
« Le but du projet, c’est d’avoir mon troupeau de m’installer et d’avoir mes brebis, reprend l’éleveur âgé de 38 ans. Devenir propriétaire, je m’en fiche. » L’exploitation compte 300 brebis et les agneaux sont élevés à l’herbe en agriculture biologique. Au terme du portage, dans neuf ans, Yoann Clément rachètera les terres au prix d’achat par la foncière en 2023.
L’élu régional de l’Occitanie en charge de la souveraineté alimentaire, Jean-Louis Cazaubon, ancien agriculteur, sait l’enjeu que représentent les nouvelles installations.
« Dans les dix prochaines années, la moitié des agriculteurs partira à la retraite. » Alors la création d’une foncière régionale, c’est le moyen pour les collectivités « d’avoir cet effet de levier », défend l’élu craignant une « catastrophe », « si on ne parvient pas à installer des jeunes ».