Financée par le ministère de l’Agriculture dans le cadre de la recherche sur les « nouveaux actifs agricoles », l’étude AgriTempo s’est intéressée au temps de travail des nouveaux entrants en agriculture. Conduite par le laboratoire Tetras (Université de Lorraine), elle repose sur trois productions : bovin lait, caprin et maraîchage. S’il est fréquent d’entendre que les nouveaux installés non issus du monde agricoles (Nima) ne sacrifient plus tout leur temps à leur activité professionnelle, la réalité est bien plus nuancée.

Plus d’heures pour les éleveurs

Premier constat, le travail agricole occupe une place importante dans l’emploi du temps des agriculteurs, toute origine sociale confondue. Les tâches sont réparties dans la journée, sans horaire fixe. « Le bon moment prévaut sur l’horaire ou la durée », commente Simon Paye, chercheur à l’université de Lorraine, lors de la restitution de l’étude, le 10 juin 2025, à Paris.

À l’échelle de la semaine, le volume horaire varie peu selon l’origine sociale mais plutôt selon l’activité agricole. Les éleveurs déclarent en moyenne dix heures de plus que leurs collègues maraîchers. Les temps d’astreinte liés à l’élevage sont similaires entre Nima et Imae (exploitants issus du milieu agricole exclusivement).

Le déroulé de la journée des éleveurs bovins et caprins reste quasi identique pour les deux catégories. En maraîchage, l’étude montre que les Imae travaillent davantage le matin, le soir, le mercredi et le samedi que leurs collègues Nima.

Les diplômés se fixent des horaires

Sur les trois productions étudiées, les nouveaux actifs semblent se distinguer selon leur origine sociale, uniquement pour le maraîchage. L’étude s’est alors concentrée plus particulièrement sur cette production et le temps de travail consacré à cette activité.

Les maraîchers enquêtés ont les mêmes dispositions planificatrices (noter ses tâches, planifier le travail, avoir des horaires, tenir un calendrier de production), quelle que soit leur origine sociale. Toutefois, les producteurs diplômés au-delà d’un bac + 3 (formation générale ou enseignement agricole) déclarent davantage avoir des horaires que leurs homologues titulaires d’un diplôme inférieur au baccalauréat (formation générale ou enseignement agricole).

Plus de vacances pour les Nima

Entre 80 et 85 % des maraîchers — à l’image de la population générale — déclarent quitter leur domicile pour au moins une journée par an. À niveau de diplôme égal, la prise de vacances et les activités extra-agricoles semblent être corrélées à l’origine agricole.

46 % des maraîchers d’origine non agricole déclarent prendre plus de dix jours de vacances par an. Ils sont aussi 49 % à avoir au minimum deux activités extraprofessionnelles. À l’inverse, les Imae sont 30 % à prendre des congés au-delà de dix jours et 35 % à déclarer plus de deux activités extraprofessionnelles.