Anne-Sophie Niquet et son mari Fabien reçoivent depuis 2018 environ 600 élèves par an, soit 25 classes, sur leur exploitation de polyculture-élevage située à Belloy-sur-Somme. Celle-ci compte 100 vaches laitières et 300 hectares de grandes cultures, prairies et méteils.

« Prendre le temps de montrer notre métier »

« Nous aimons communiquer et transmettre, explique Anne-Sophie, qui fait partie du réseau « Le Savoir vert ». Il existe beaucoup de préjugés sur les agriculteurs. Il faut donc prendre le temps de montrer notre métier, positivement et sans polémiquer. Nous expliquons la façon dont nous travaillons, les contraintes que nous avons… Plus nous allons communiquer, plus les gens comprendront pourquoi parfois nous manifestons. »

Durant les visites, Anne-Sophie fait par exemple des apartés sur le bien-être animal, une notion qui est dans le programme de primaire. « Les parents accompagnants méconnaissent aussi souvent le milieu agricole et ils apprennent beaucoup de choses en visitant l’exploitation », confie-t-elle.

De la maternelle au lycée

Plusieurs thèmes sont proposés aux élèves, de la maternelle au lycée :

  • Élevage (veaux, vaches, robot de traite, tank à lait, transformation du lait, races, alimentation, anatomie…) ;
  • Biodiversité dans les prairies (du CE1 au CM2) ;
  • Méthanisation pour les collèges et lycées (un méthaniseur a été installé sur l’exploitation en 2019).

Chaque visite coûte 150 euros la demi-journée par classe (un thème). Sur la journée deux thèmes sont proposés. À la rentrée de 2025, Anne-Sophie et Fabien proposeront sur leur ferme pédagogique l’activité « Du blé au pain », puis à moyen terme « De la betterave au sucre ».

Apprendre à vulgariser

Avant de commencer cette diversification, le couple d’éleveurs a suivi une formation de base durant neuf jours (non consécutifs), organisée par « Le Savoir vert » à Arras (Pas-de-Calais). Durant cette formation, les exploitants travaillent sur leur projet, mais sont aussi sensibilisés aux programmes scolaires, aux gestes de premiers secours, aux comportements des enfants… Ils apprennent également comment fabriquer des panneaux explicatifs.

« Avant le CE2, les enfants ne savent pas bien lire en colonne, il faut donc montrer des panneaux avec du texte disposé horizontalement », illustre Anne-Sophie. L’enjeu est de bien vulgariser les différentes facettes du métier. « Par exemple du CP au CE2, parler d’agriculteur est trop abstrait, il vaut mieux parler de fermier, poursuit-elle, essayant de se calquer sur ce que les enfants peuvent voir dans les livres.

« J’ai un fil rouge et j’adapte selon l’âge des enfants, les demandes des enseignants et les questions durant la visite. » Anne-Sophie Niquet s’appuie au total sur une vingtaine de panneaux ainsi que sur des objets pour faire participer les enfants (biberons, boucles…).

Méconnaissances

Pour recevoir des collégiens, Anne-Sophie et Fabien ont suivi une formation complémentaire d’une journée avec un professeur référent. Pour les lycéens, ils se sont formés deux jours de plus et ont créé la thématique « Agriculture et agrosystèmes durables », présente dans le programme des classes de seconde.

« C’est compliqué de faire participer les lycéens, mais avec les autres élèves, les questions fusent. Les CP et les CE1, c’est le public qu’on adore ! Ils posent beaucoup de questions, sans tabou », confie Anne-Sophie. Elle observe toutefois une méconnaissance de plus en plus grande sur l’origine des aliments que les enfants mangent. Elle a ainsi choisi de suivre une autre formation d’une journée sur l’importance de manger local et de saison. Une autre notion importante à transmettre aux scolaires, selon elle.