Voilà une ferme comme les autres… ou presque. À la ferme de la Borie d’Imbert, à Rocamadour, dans le Lot, des travailleurs handicapés mentaux opèrent quasi d’égal à égal avec les salariés agricoles. « Je trais les chèvres, cure la porcherie et la chèvrerie… », énumère Maxime, 31 ans. Comme six autres Lotois, il est détaché ici par l’Esat (établissement et service d’aide par le travail) Pech de Gourbière, situé à 3 kilomètres.

« Dans cet Esat, nous employons 75 résidents qui préparent les repas pour 300 scolaires, ont une activité de blanchisserie, de réfection du patrimoine rural, d’espaces verts ou encore agricole », recense Serge Gay, président de l’association mutualiste agricole de Rocamadour (Amar), qui gère cet établissement créé par la MSA.

C’est aussi cette association qui a racheté 49 % de la ferme de la Borie d’Imbert, en l’an 2000. « L’idée, poursuit Serge Gay, c’était que le gérant garde 51 % des parts, pour qu’elle reste une exploitation agricole. Mais, dans les statuts et les baux, il y a l’objectif d’insérer des salariés de l’Esat. »

« Ils sont irréprochables »

Aujourd’hui, le travail en commun semble naturel. La seule différence est que les salariés en inclusion font 35 heures par semaine, soit 4 heures de moins que les ouvriers agricoles et ne peuvent pas avoir de responsabilité. « La marche serait un peu haute », témoigne Marc Vilard, le gérant. Il ajoute : « C’est bien qu’ils soient accompagnés. Mais je sais qu’en cas de pépin, je peux les laisser seuls sur certaines tâches. En termes d’investissement, ils sont irréprochables. »

Certains sont d’ailleurs issus d’une famille d’agriculteurs. Ils interviennent tant du côté des cultures (200 hectares de prairies et de céréales) que celui du soin des animaux (480 chèvres, plus de 250 porcs et 5 bovins engraissés par an) ou encore transformation des 350 000 litres annuels de lait de chèvres en fromage.

Cette œuvre collective, au-delà des différences, apporte peut-être un supplément d’âme aux produits de l’exploitation. Son Rocamadour a en effet obtenu la médaille de bronze au Concours général agricole 2023.

Christophe Zoia