L’éloignement géographique et le prix des places font que la moitié de la population française est privée de cinéma. Les habitants des communes rurales sont particulièrement concernés : « Il existe une zone blanche des salles obscures, de la Champagne-Ardenne jusqu’au Cantal », assure Marie-Jeanne Béguet, vice-présidente et trésorière en charge de la culture à l’Association des maires ruraux de France. Elle milite pour l’égalité d’accès aux films, et demande à l’État des subventions pour construire des salles et encourager la diffusion des films hors circuit commercial, pendant des festivals ruraux. En attendant, des associations organisent, depuis vingt ans, leurs propres séances comme dans l’Ain, le Cinéma rural itinérant Bresse Revermont.

Depuis 1984, dans seize communes autour de Bourg-en-Bresse, 85 bénévoles animent ce circuit. Chaque village dispose de son autorisation de diffusion délivrée par le Centre national du cinéma (CNC), et d’une salle avec un écran et des chaises.

Un véhicule dédié

Ce cinéma rural itinérant possède une voiture dédiée au transport du matériel (projecteur, ordinateur portable, et pour le son ampli et haut-parleurs). « En 2014, nous avons investi 76 000 € pour passer au numérique. Nous avons bénéficié d’aides du CNC, de la Région et du département, du soutien financier de l’État à l’industrie cinématographique et de la réserve parlementaire de notre député », explique Daniel Brochier, bénévole de l’association à Drom, dans l’Ain.

Le matériel de projection est mutualisé et passe de village en village. Une heure avant la diffusion du film, les bénévoles préparent la salle puis accueillent les spectateurs : 3 € par adulte et moitié prix pour les enfants. Une dizaine d’œuvres cinématographiques récentes sont programmées chaque année. « Nous sommes entre nous, chez nous, et il y a une super ambiance, poursuit Daniel. Pour améliorer le confort, certains apportent une chaise de jardin, s’emmitouflent dans une couette… Les enfants sont souvent couchés devant l’écran. En fin de séance, nous aimons discuter avant de rentrer à la maison. » Grâce au dynamisme des bénévoles, l’association réalise 7 500 entrées par an.