« On est si différentes mais on a tellement de points en commun… » Autour de la table, huit autoentrepreneuses, artisanes, agricultrices ou porteuses de projet du sud de la Haute-Garonne. Elles sont réunies, comme tous les mois, à l’appel des Frangines, un réseau lancé par le Civam (1) de la Haute-Garonne en 2016.

« Rompre l’isolement »

« L’objectif premier est de rompre l’isolement de ces femmes, parce que ce n’est pas toujours facile de créer un tissu social », indique Léa Chopin, qui anime ce réseau regroupant 150 inscrites dans le département. Sans compter, assure-t-elle, « qu’il est plus difficile d’entreprendre quand on est une femme. C’est donc utile d’avoir des temps de partage. »

La preuve par l’exemple avec Béatrice de Kérimel, éleveuse de bovins viande à Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne), qui a rejoint son mari sur l’exploitation il y a deux ans. « Pour devenir agricultrice, ça a été le parcours du combattant, mais ça l’est pour les hommes aussi., témoigne-t-elle Par contre, je suis tombée sur un banquier qui m’a clairement mis des bâtons dans les roues parce que je suis une femme. J’étais à deux doigts de stopper l’installation et j’ai trouvé ici un soutien moral. »

Conseils, formations…

« En réalité, on se sent moins seules parce qu’on se rend compte que, sans se connaître, on vit les mêmes problèmes », abonde Anaïs Gallo-Bragatto, cofondatrice d’un tiers-lieu. Mieux, « la vision d’autres femmes, avec un regard extérieur, nous fait prendre un peu de hauteur », se félicite Béatrice, l’éleveuse.

Cette solidarité s’est matérialisée par la création d’un annuaire des Frangines. Le Civam a aussi sorti un guide méthodologique pour lancer et animer ce genre de groupe. Mais au-delà de cette sororité, le réseau permet d’avoir accès à des conseils, une orientation vers différents acteurs.

Le réseau des Frangines propose également des formations, comme dernièrement sur l’outil de design graphique Canva. Autre projet qui devrait voir le jour : le lancement d’un groupe baptisé Paysannes, à la demande d’une dizaine d’agricultrices.

Christophe Zoia

(1) Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural.