«Lors de mon service militaire au Burkina Faso, j’ai apprécié la tradition d’accueil des habitants. En juin dernier, quand la Fédération des fruits et légumes d’Occitanie m’a proposé de participer à la formation de jeunes réfugiés érythréens, j’ai dit oui. C’était l’occasion de faire quelque chose de concret à mon tour en accueillant ces Africains », raconte Robert-Pierre Cecchetti, arboriculteur à Mudaison, dans l’Hérault.
Après avoir fui la dictature brutale qui règne dans leur pays, ces cinquante jeunes ont dû affronter bien des épreuves avant d’échouer dans un camp du Niger, où la France leur a accordé le statut de réfugiés. À leur arrivée dans l’Hérault, ils ont bénéficié d’un accompagnement de la Croix-Rouge, dans le cadre d’un programme pilote européen destiné à les aider à s’intégrer.
Un pari réussi
« Ils ont suivi des cours de français. Puis, quinze d’entre eux se sont formés à la cueillette des fruits, afin de pouvoir travailler rapidement dans un secteur où il y a de la demande », note Ivan Alsina, du cabinet de conseil Umanista, qui les a accompagnés dans leur parcours professionnel. La Fédération des fruits et légumes est intervenue pour trouver des adhérents prêts à les embaucher. Six jeunes ont ainsi récolté des fruits d’été chez un arboriculteur du Gard. À l’automne, quatre autres ont trouvé une place chez Robert-Pierre Cecchetti pour la cueillette des pommes, après avoir suivi trois semaines de formation et une semaine de stage dans l’entreprise.
Logés à Montpellier par la Croix-Rouge, ils ont dû se déplacer en train et à vélo tous les jours. Certains ont dû apprendre à pédaler. « Malgré le problème de langue, ils se sont bien intégrés, souligne l’arboriculteur. Ce sont des jeunes ouverts, pleins d’espoir et très motivés. » En trois mois, ils ont fait des progrès en français, ce qui leur a permis d’échanger avec les autres saisonniers. « Ils ont ainsi pu évoquer leur parcours, poursuit-il. C’est impressionnant de voir tout ce qu’ils ont traversé. Ils ont du courage ! » Le producteur est prêt à les réembaucher en 2021.
Frédérique Ehrhard