Depuis le début de l’année, les faibles disponibilités en gros bovins finis soutiennent les prix partout en Europe. Entre les semaines 15 et 19 (du 11 avril au 15 mai 2022), « les cotations françaises des jeunes bovins (JB) ont gagné entre 12 et 28 centimes selon la conformation », calcule l’Institut de l’élevage (Idele). En semaine 19, le JB U cotait 5,26 €/kg de carcasse (kgc), soit 32 % de plus que l’an dernier. Sur cette même période, le cours du JB R s’établissait à 5,13 €/kgc (+ 35 %/2021) et celui du JB O affichait 4,87 €/kgc (+ 45 %/2021). Ces niveaux tarifaires restent largement devancés par les cotations allemandes, qui ont pourtant subi un contrecoup ces dernières semaines.

 

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« Les rétentions d’animaux par les éleveurs pendant la phase de croissance très rapide des prix ont donné lieu à un afflux de jeunes bovins fin mars et début avril, avant de revenir à des sorties relativement faibles, explique Caroline Monniot, économiste à l’Idele (Institut de l’élevage). En réponse à ce décalage d’abattage, les cours se sont réajustés à la baisse, après la croissance vertigineuse de mars ». Ils restent cependant à des niveaux élevés. En semaine 18, le cours du JB U se situait à 5,51 €/kgc, soit + 43 % par rapport à 2021.

 

En Italie, les faibles volumes de viande permettent de tenir des prix soutenus mais la tendance est stationnaire depuis plusieurs semaines. « L’inflation est regardée de près par les distributeurs qui craignent une modification de la composition du panier des ménages », relève l’Idele. La filière espagnole semble partager les mêmes inquiétudes. Le pouvoir d’achat des ménages, impacté par une très forte hausse des dépenses contraintes, fait craindre aux opérateurs davantage de difficultés à faire passer des hausses de prix à la consommation. D’autant que les besoins du pourtour méditerranéen sont moins prononcés depuis la fin du Ramadan. Même si le marché européen reste demandeur de viande de JB, les prix entrée abattoir sont restés stables ces dernières semaines.

 

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Période plus creuse

En France, les professionnels sentent également le vent tourner. Il y a encore deux semaines, une forte concurrence se jouait entre les acheteurs. La relative pénurie de l’offre les poussait à concéder des hausses de prix et même à accélérer les sorties, décrit l’Idele. Mais depuis, « nous sommes rentrés dans une période de consommation un peu plus creuse, qui est habituelle à cette saison, fait savoir Dominique Guineheux, directeur achats bovins chez Bigard.

 

À l’export, la demande émanant de l’Italie et de la Grèce reste ferme, mais le marché allemand s’est largement refermé, voyant ses cours dégringoler ». Résultat, les cours des JB français tendent eux aussi à se stabiliser. « Il s’agit à présent de garder le cap », reprend l’expert.