Comment raisonner le désherbage du maïs sans S-métolachlore, molécule désormais interdite ? « Il est important d’avoir une connaissance de la flore de chaque parcelle de maïs pour adapter sa stratégie », déclare Anne-Monique Bodilis, ingénieure régionale Arvalis. Dans le cas où la pression des graminées est faible, « on évitera de recourir aux chloroacétamides. Ce n’est pas la peine de systématiser leur utilisation. »
Arvalis recommande ainsi de réaliser un ou deux passages : un pré ou postlevée très précoce (par exemple avec Adengo Xtra, à base de foramsulfuron, thiencarbazone et cyprosulfamide), rattrapé au besoin, ou alors uniquement un double passage foliaire (par exemple avec Elumis, à base de nicosulfuron et mésotrione). « Dans ces situations, le désherbage mécanique a toute sa place », rappelle-t-elle. Les stratégies de désherbage mixte consistent à alterner un passage chimique avec des binages de rattrapage. L’herbicide peut être appliqué en postlevée très précoce après un passage de herse à l’aveugle.
Adventices les plus jeunes possibles
Lorsque la pression graminée augmente, la stratégie doit être adaptée. Dans le cas de présence de panic, sétaires et digitaires en densité moyenne à assez forte, « il n’y a pas d’autre choix que de faire un programme en double application, avec un bon spectre sur graminées : une pré ou postlevée très précoce à base de chloroacétamide (par exemple avec de l’Isard, contenant du DMTA-P), et un rattrapage foliaire classique (par exemple avec du Capreno, à base de thiencarbazone, tembotrione et isoxadifène).
Autre cas de figure travaillé : celui où la pression de sétaire est forte et/ou des graminées résistantes sont présentes. Arvalis recommande, dans un premier temps et si possible, de revoir la rotation pour diminuer la part des cultures d’été. « Quand on alterne les semis d’été et d’automne, on limite à la fois les graminées d’automne et estivales. Quand c’est déséquilibré dans un sens, cela spécialise la flore », souligne l’ingénieure.
Céline Drillaud, également ingénieure régionale Arvalis, complète : « il est important dans ces situations de cibler la prélevée. On peut éventuellement décaler à la postlevée très précoce si l’année est très sèche après le semis ». Dans ce contexte de résistance, l’institut recommande de ne pas appliquer de nicosulfuron en rattrapage en postlevée. Ce dernier doit être réalisé sur des sétaires très jeunes (deux feuilles maximum). Un binage peut être envisagé lorsque des conditions séchantes sont annoncées.
Adjuvants et fractionnement
Dernier cas de figure sur lequel Arvalis a particulièrement travaillé cette année : celui de la présence marquée de raygrass ou vulpins. Rotation, faux semis… « Il ne faut pas penser qu’au désherbage chimique », appuie Anne-Monique Bodilis. Néanmoins, Arvalis indique que la prélevée est indispensable. L’institut conseille ainsi d’appliquer du DMTA-P, seul ou non. S’il est associé avec de la pendiméthaline (Dakota par exemple), cela sera intéressant contre les vulpins.
Ensuite, il faudra rattraper sur des ray-grass très jeunes, comme pour les sétaires. Mais « les solutions sont très peu nombreuses, c’est pour cela que l’on insiste beaucoup sur le passage de prélevée avec les bons produits », indique-t-elle. En postlevée, les matières actives les plus intéressantes en foliaires sur ray-grass sont le foramsulfuron et la thiencarbazone. « Il peut être intéressant d’adjuvanter les spécialités Mondine/Monsoon (foramsulfuron, thiencarbazone et cyprosulfamide) avec de l’huile, voir de l’huile et du sulfate d’ammonium », explique Anne-Monique Bodilis sur la base de la synthèse de dix essais d’Arvalis et partenaires en région Centre.
Par ailleurs, le fractionnement peut montrer un intérêt, « mais pas toujours ». Elle explique qu’il faut « être sûr de pouvoir passer sur des ray-grass très jeunes ». Réaliser trois passages au lieu de deux génère par ailleurs des coûts supplémentaires.